Editorial du dimanche 4 novembre 2012

Nous pourrons le faire si nous croyons À l’amour de Dieu

Selon la tradition des rabbins, la Loi de Moïse comprenait 613 commandements, dont 365 étaient des interdictions, et 213 des préceptes positifs. Cela pouvait partir d’une bonne intention, et exprimer un amour de Dieu très attentif ; mais cela pouvait tout aussi bien virer au légalisme pointilleux, et parfois aboutir à une déformation des consciences. Au temps de Jésus quelques hommes clairvoyants dans leur foi essayaient d’établir une hiérarchie parmi ces multiples obligations de la Loi ; d’où la question du scribe à Jésus : « Quel commandement est le premier de tous ? »

Jésus répond d’abord en citant Deutéronome 6,5. C’est le texte même de notre première lecture d’aujourd’hui : « Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est le seul. Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ton énergie ». Pour les juifs du temps de Jésus et au sens biblique, le cœur est le tout de l’homme intérieur, et le lieu privilégié du risque de la foi. Ainsi veut-il dire : toute ta personne sera mobilisée pour l’amour de ton Dieu ; tu dois tendre vers Dieu avec le meilleur de toi-même.

Mais Jésus ajoute aussitôt, en citant cette fois le Lévitique (19,18) : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est le second commandement, toujours inséparable du premier et pourtant toujours distinct. Car l’amour pour autrui ne peut pas remplacer l’amour pour Dieu, pas plus que le prochain ne peut remplacer Dieu.

Mais les deux commandements sont semblables, parce que l’amour du prochain, comme l’amour pour Dieu, doit mobiliser toute la personne et toutes ses forces. On ne peut vraiment s’approcher de Dieu, sans commencer à aimer tout ce que Dieu aime ; et plus on est près de Dieu, plus on se rend proche des autres fils de Dieu. « La charité, c’est tout sur la terre, disait Thérèse de Lisieux, et l’on est sainte dans la mesure où on la pratique ».

Voyant le scribe acquiescer, Jésus lui dit : « Tu n’es pas loin du Règne de Dieu ». Tu n’es pas loin, puisque tu cherches la vérité, puisque tu veux la trouver auprès de moi. Tu n’es pas loin, puisque tu veux donner un sens à ta vie, à ton travail, à tes souffrances, à ton dévouement ; puisque tu veux prendre du recul par rapport au tourbillon de ta vie ; puisque tu veux échapper à l’engrenage de la routine, au mensonge des relations superficielles, à tout ce qui rapetisse ta vie… Alors, Seigneur, si nous ne sommes pas loin, dis-nous, aujourd’hui, ce qui nous manque encore pour être tout près de toi !

Père Jean-Luc MICHAUD