Homélie et commentaire du dim de la Miséricorde, 19 avril

Homélie pour le dimanche de la Miséricorde (P. Bernard Queruel)

Toute porte verrouillée… Il se tint au milieu d’eux… C’est la PAIX qu’il souhaite… qu’il restera. La Paix à la place de la peur… pas une paix provisoire où l’on échappe au massacre… à la pandémie – mais une paix pour l’humanité réconciliée : voilà ce qu’offre le Ressuscité.

L’angoisse de la mort taraudait le monde depuis les origines. Dieu a pris le temps à travers un peuple, son peuple, de tisser de vrais liens avec lui, ne l’enfermant jamais dans les voies de traverse qu’il prenait mais étant toujours présent pour le guider vers la lumière, vers la vie… Jusqu’à lui donner son Fils, mal accueilli lui aussi et allant par amour du Père et des frères jusqu’à mourir sur la croix pour nous sauver…
Le Ressuscité apporte la paix aux cœurs blessés, à ceux qui subissent, aux affolés, aux désespérés… et tout simplement à ceux qui sont en quête de sens… C’est au cœur de tous ces craquements de nos vies qu’il se rend présent…

Ce sont des cœurs en paix qu’Il envoie… comme son Père l’a envoyé… Le Souffle, l’Esprit Saint va leur donner et le courage et les mots pour l’annoncer et la force de poser des actes en son nom. Bien sûr, nous voyons là, le fondement du sacrement du pardon : Remettre ou non les péchés en son nom : c’est le rôle des apôtres. Garder ou non de la rancune contre son frère : c’est pour chacun.

La Paix soit avec vous… Cette paix, nous en avons besoin pour que cessent les tiraillements dans notre cœur. Pour témoigner de cette paix… il faut tout simplement la goûter, l’entretenir… et d’abord accepter de la recevoir alors que nous tentons souvent de vouloir l’établir par nous-même.

Recevoir la paix, ça n’est pas effacer le passé où nous avons généré ou subi des tensions… Le passé demeure passé…. Mais ce que j’en fais, là est le chemin de la liberté… d’autant que c’est au cœur même de ce qui est verrouillé que le Ressuscité a fait jaillir la paix et fait naître la joie.

Bien sûr, il y aura toujours (et heureusement) des Thomas qui auront besoin de voir, de toucher pour croire… Et à ceux -là, le Ressuscité ne refusera pas de se manifester… à travers des gestes, des signes qui révèleront sa présence. Heureux les autres qui se passeront de signes et qui sauront les lire avec d’autre ! En fait, nous pourrions rendre hommage à St Thomas car n’y a t-il pas à nos esprits contemporains, une part de vérification par nous-même de ce qui affirmé …. Et là pour sûr cette confirmation a fait du bien à toute l’équipe des apôtres : le Ressuscité est bien Jésus de Nazareth, crucifié. L’Amour est plus fort que la mort. Le péché pris sur la croix… s’en trouve libéré de l’homme. Et ce n’est que sur une poignée de témoins et l’action de l’Esprit au cœur de l’Eglise et du monde, que l’Evangile a été transmis… que nous pouvons vivre cette même proximité filiale, avec Dieu, instaurée par Jésus.

Cette miséricorde divine, c’est tout simplement la tendresse de Dieu qui nous aime avec notre misère. Nous laisser aimer par lui avec ce que nous n’aimons pas de nous, avec le passé dont nous avons honte… Cesser de regarder en arrière et goûter sa présence. Il veut être avec nous… habituellement dans les sacrements dont nous sommes frustrés… mais aujourd’hui dans un moment de silence et recueillement à dire vrai, plus facile pour les célibataires que dans le cadre familial confiné.

Mais pourquoi pas choisir d’offrir à chacun ce temps que l’on ne prévoit pas de remplir…. Provocation ou convocation des plus jeunes à goûter cet espace où le Seigneur peut s’inviter personnellement et communautairement… C’est risqué, mes amis…. Cela peut nous effrayer si cela fait longtemps qu’on n’a pas pris ce temps… Mais ce confinement ne nous est-il pas offert comme un cadeau pour laisser sa place au Ressuscité au milieu de nous… en nous et entre nous… nous avons reçu l’Esprit Saint pour cela.
AMEN !

 

Que nous dit la Parole de Dieu en temps d’épidémie ? Un commentaire de l’évangile de Luc 24, 13-35 (Frère Vianney Kim, a a)

 « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! » Aujourd’hui encore, le Seigneur nous le dit, nous qui avons perdu de vue sa présence et n’avons plus d’espérance en Celui qui a vaincu la mort !

Les disciples d’Emmaüs ont marché sans espérance, ils ont perdu le messie en qui ils avaient mis leur confiance. Ils croyaient que cet homme était puissant à la manière du monde et conformément à l’image qu’ils avaient construit dans leur esprit avec leurs préjugés. Mais hélas, ils l’ont perdu à la crucifixion, une mort tragique et honteuse. Ils ont pensé que ce Messie fut quelqu’un de plus puissant et de plus grand que toutes les autres puissances incarnées par les hommes.

C’est dans cet esprit que ces disciples marchent désespérément sur le chemin d’Emmaüs. Tout est perdu ! Aucune espérance. Il vaut mieux vaquer à leurs boulots ou à leurs occupations quotidiennes pour leur survie économique. En cours de route, ils rencontrent un homme étrange, « un étranger » nous dit l’Évangile. Un homme qui a su interpréter les Écritures. Il est devenu quelqu’un d’important en partageant le repas avec eux. Ses explications ne furent pas simplement une rhétorique intellectuelle mais une révélation de sa présence. Il se donne comme nourriture spirituelle. C’est aujourd’hui qu’il se donne à nous !

« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous parlait et nous ouvrait les Écritures ? » Il était quelqu’un qui était capable de toucher leur cœur. Oui, il était l’unique car personne d’autre ne le pouvait à sa manière, personne d’autre. C’est la seule personne ! Heureusement, ces disciples ne restent pas dans la passivité et dans le découragement puisqu’ils retiennent cet étranger en appelant ainsi : « Reste avec nous ! » Ils invitent leur hôte à partager le repas et Jésus accepte de prendre le temps avec eux. Ainsi, nous aussi, nous pouvons appeler cet hôte dans notre prière comme ces disciples d’Emmaüs. Seigneur, reste avec nous, reste avec nous malgré nos fautes et nos péchés !

Ce récit sur les disciples d’Emmaüs nous donne une leçon essentielle. C’est-à-dire, la foi est un chemin d’espérance avec le Seigneur ressuscité. Nous ne le découvrons pas d’une manière immédiate. Nous découvrons le don de la foi à condition que nous acceptions de cheminer et de prendre le temps avec le Seigneur, le Dieu Unique. Parfois, notre cœur est si lent à croire tout ce que nous raconte la Loi et les Prophètes. Tout de même, si nous demandons la lumière de l’Esprit, nous saurons toujours regarder la lumière du Christ, la lumière de notre espérance qui ne s’éteint jamais. Que le Seigneur ressuscité nous donne la force et le courage malgré le confinement qui dure.