Editorial du dimanche 9 janvier 2011

Être ajustés à la volonté de Dieu

Quand Jésus est venu vers Jean pour se faire baptiser, ce dernier voulait l’empêcher en disant : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »  Alors Jésus de lui répondre : « Laisse faire main-tenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice. »  Il est beaucoup question de « justice » dans l’Écriture.  Et saint Matthieu n’est pas en reste.  Dans le discours sur la montagne, le mot revient à plusieurs re-prises :  « Heureux les affamés et assoiffés de la justice ;  heureux les persécutés pour la justice ; si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux ; cherchez d’abord le Royaume et sa justice. »  Mais le mot est piégé pour nous parce que nous le comprenons spontanément sur le registre légal : la justice, dit-on, consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû.

Or ce n’est pas ce sens-là que lui donne saint Matthieu.  Il s’agit d’un « agir juste », autrement dit de conformer nos actions à la volonté de Dieu.  Ainsi, Joseph est un « homme juste »,  parfaitement « ajusté » à ce que Dieu lui demande d’être avec Marie et Jésus.  Dieu, en effet, a une volonté sur l’homme.  Ce ne peut être qu’une volonté d’amour.  Pour que nous puissions connaître cette volonté, il nous donne son Fils.  Et Jésus sera jusqu’au bout totalement ajusté à la volonté de son Père : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin. »  Cette œuvre, c’est le salut du monde : « Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »

Pour accomplir cette mission, Jésus à dû être « plongé, immergé » dans la condition humaine très concrète.  Alors qu’il est lui-même sans péché, il a rejoint les pécheurs dans l’acte même par lequel ils se reconnaissaient pécheurs, en se faisant baptiser par Jean Baptiste. Là est la volonté permanente du Père : que Jésus aille jusqu’au bout de cette identification à l’humanité.  Ce sera, finalement, en étant plongé dans le baptême de sa mort sur la croix.  Jésus utilise lui-même le mot en parlant de sa mort.  Alors, la « justice » peut s’accomplir :  en Jésus, l’humanité retrouve l’amour du Père. Les hommes peuvent de nouveau « ajuster » leurs actions sur cette volonté, accomplir le seul commandement nouveau que Jésus nous a laissé :  « Comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres. »

Père Joseph Hunt