Editorial du dimanche 21 mars 2010

LA CHARITÉ COUVRE BIEN DES PECHES

Saint Pierre le dit dans sa première lettre, reprenant un verset du livre des Proverbes, et de nombreux Pères de l’Église y ont vu une parole du Seigneur lui-même. De toute façon, elle découle de l’Évangile comme la fontaine du village s’alimente à la source qui jaillit au flanc de la colline : Oui, « l’amour couvre la multitude des péchés ».

Le sens premier de la phrase est sûrement que le Bon Dieu lui-même, dans sa grande miséricorde, « a couvert toute la faute de son peuple », ainsi que le proclame avec reconnaissance le Psalmiste. Mais sa grâce va jusqu’à nous donner d’agir comme lui et nous récompenser de ses propres dons : il nous pardonne parce que nous avons exercé la charité envers nos frères.

Ce mouvement de son cœur, les deux évangiles de ce dimanche l’illustrent merveilleusement. À la femme adultère que ses accusateurs ont renoncé à lapider, Jésus dit : « Va et ne pèche plus ». Quant à Lazare qu’il vient de ressusciter (évangile de l’année A, retenu pour le 3e scrutin des catéchumènes adultes), le Seigneur ordonne à son sujet : « Déliez-le et laissez-le aller ! »

Des chrétiens sont allés jusqu’à se laisser lier de dettes matérielles à cause de cette charité qui libère du péché. Ainsi saint Jean de Dieu écrivant : « C’est pourquoi je suis en ce moment accablé de dettes, et je suis prisonnier pour Jésus Christ. Parce que je suis écrasé de dettes, je n’ose guère sortir de la maison à cause de tout cet arriéré qui me ligote. Mais lorsque je vois tant de pauvres, mes frères et mon prochain, souffrir au-delà de leurs forces, subir tant de peines dans leur âme et dans leur corps… »

Sans aller nécessairement jusqu’à cet extrême héroïque, ne manquez pas de profiter  de la générosité divine. Soyez compatissants et miséricordieux avec vos frères humains, versez généreusement votre offrande de carême, et puis venez samedi prochain à la célébration du pardon, riches d’œuvres de charité et de contrition, récolter largement les fruits de réconciliation accordés par le Seigneur.

Marc Lambret, curé