Editorial du dimanche 20 mars 2011

La gloire après la croix

« Seigneur, il est heureux que nous soyons ici !  Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »  Saint Luc précise que Pierre « ne savait pas ce qu’il disait ».  Mettons-nous à sa place !  Il avait appris qu’autrefois Moïse avait demandé à Dieu :  « Fais-moi de grâce voir ta gloire. »  Et Dieu lui avait répondu que, pour un homme, il était impossible de voir le visage de gloire de Dieu et de rester en vie.  Et voilà que lui et ses deux compagnons avaient vu cette lumière éblouissante, inconnue, qui rayonnait du corps de Jésus. C’était Dieu lui-même qui se manifestait aux trois amis.  Et les trois étaient toujours en vie.  C’était une expérience si extraordinaire !  Si seulement elle pouvait durer toujours !  Si seulement Jésus, avec Moïse et Elie, pouvait rester toujours ainsi avec eux !

Il y a des moments où nous-mêmes, nous aimerions bien que Jésus puisse se manifester à nous dans cette lumière.  D’abord, plus personne ne pourrait douter de lui.  Il pourrait continuer « à se manifester en détruisant la mort et en faisant resplendir la vie et l’immortalité ».  De fait, notre soif de bonheur et de bien-être est si grande que nous voudrions que Dieu gomme toutes nos souffrances, tout de suite, ici et maintenant.  Comme ce serait bien si Jésus établissait tous les hommes dans la paix, la douceur, la justice !

Mais voilà !  Ce n’est pas ce que Jésus a fait :  « Levant les yeux, ils ne virent plus que, lui, Jésus seul. »  Jésus ne pouvait pas dénier les conséquences des refus d’amour des hommes.  Ou alors, il aurait fallu que la liberté profonde des hommes soit supprimée.  Car l’amour ne peut exister que s’il est librement consenti.  Et les hommes ont préféré s’écouter eux-mêmes plutôt que d’écouter la parole d’amour de Dieu.  Ils ont refusé de se laisser aimer et, du coup, ils ont terriblement de peine à apprendre à aimer en vérité.  Alors Jésus a dû respecter nos chemins, il a dû les parcourir, jusqu’au bout, jusque dans la mort, pour pouvoir déposer à chacun de ses pas, dans chacune de ses respirations, la présence de l’amour infini du Père.

Il ne faut donc pas rêver notre vie.   C’est dans notre pauvreté et notre misère que Jésus, aujourd’hui comme hier et demain, veut toujours déposer la puissance de son amour qui finira bien par nous convaincre que nous sommes infiniment aimés et que nous pouvons toujours apprendre à aimer.  Et que c’est l’amour qui aura le dernier mot dans notre aventure humaine.

Père Joseph Hunt