Editorial du dimanche 19 septembre 2010

ENVIE DE QUOI ?  ENVIE DE QUI ?

Ce dimanche de rentrée, le Seigneur semble nous donner de bons conseils pour mieux vivre ensemble.  Tandis qu’Amos condamne les injustices économiques qui volent les pauvres et que saint Paul nous invite à prier pour les responsables dont dépendent le calme et la sécurité de notre vie, finalement Jésus dénonce l’attachement excessif à l’Argent : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » Ce pourrait être l’occasion de nous remémorer les péchés capitaux et leur prégnance sourde dans nos vies. L’avarice et l’envie semblent particulièrement visées aujourd’hui. L’avarice, l’idolâtrie de l’argent, est pour une bonne part le moteur de notre crise économique. Les pauvres sont toujours plus nombreux et la charité doit se faire désormais politique, car le problème de la pauvreté est structurel, c’est-à-dire lié aux mécanismes de notre société (cf. L’Amour dans la vérité, de Benoît XVI).

Quant à l’envie, elle est encore plus destructrice des liens sociaux qui nous unissent.  Elle se nomme aussi désir ou concupiscence selon que l’on veuille être positif ou négatif.  Dans la longue liste de nos envies on peut même citer Dieu ! C’est le péché primordial : vouloir acheter ses bienfaits.

Par exemple, prions-nous régulièrement ? « Aujourd’hui, je n’ai pas envie de prier » ou « je n’ai pas envie d’aller à la Messe ». Depuis quand la valeur de la prière devrait-elle se mesurer à l’envie que moi, j’en ai ou n’en ai pas ? Quel rapport entre Dieu et un verre de Coca Cola ? Prier n’est pas un moyen auquel on pourrait recourir quand on en a besoin. Prier est un but en soi. C’est avec l’amour, le sens du beau, la seule activité humaine qui pénétrera dans la vie éternelle. Jésus a tout dit et tout fait pour encourager la prière confiante y compris de demande. Laissons là nos envies ou nos manques d’envie quand il s’agit de Dieu.  Soyons avec lui d’abord parce qu’il en vaut la peine, absolument. Et cela est vrai chaque jour que Dieu fait, qu’il fasse beau ou mauvais temps, que j’aie bien ou mal dormi, que ma santé soit excellente ou médiocre, que mes affaires prospèrent ou périclitent. Dieu est Dieu.

Que se fortifie en nous une seule envie (si nous y tenons) : nous laisser aimer de lui et l’aimer en retour ! Nos petites envies vivoteront, mais quand il s’agit du sens profond de la nature qui nous environne, de la dignité de la personne et de l’amour, de l’ouverture décisive de notre cœur au don de Dieu, nos envies subjectives doivent s’effacer devant la valeur intrinsèque de l’objet, devant la dignité de ce qui mérite, en soi et pour soi, d’être respecté et aimé en tout temps : Dieu et lui seul.

Père Jean-Luc MICHAUD