Editorial du dimanche 19 janvier 2014

« C’EST LUI LE FILS DE DIEU »

Nous entrons dans la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, dont le thème cette année est : « Le Christ est-il divisé ? » (1 Cor 1,1-17) Le pape François vient d’annoncer en février sa visite en Terre Sainte et, au Saint-Sépulcre, une rencontre œcuménique avec le patriarche Bartolomeo de Constantinople et tous les représentants des Églises chrétiennes de Jérusalem.  Mais que puis-je faire, moi, pour la question œcuménique ? L’œcuménisme, au cours des décennies, n’est-il pas devenu à la fois une sorte de bien commun à tous, et en même temps une sorte de discipline ou un art qui sont le propre de théologiens voués à la complexité de la cause de l’unité ?

Vatican II est venu renforcer ce désir intime d’unité entre chrétiens. L’habitude s’est prise de rencontres entre chrétiens qui, auparavant, ne se connaissaient guère ou, en tout cas, n’avaient pas cette chance de prier ensemble.  En ce qui concerne les chrétiens de base, ils ont pris l’habitude de se concevoir plus solidaires. Le sentiment d’étrangeté a pu, sinon complètement disparaître, du moins s’atténuer.

Cela ne veut pas dire que tout s’est arrangé, que la route s’est complètement aplanie vers le but d’une parfaite communion. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Les différentes confessions qui se sont séparées depuis le seizième siècle, et même depuis le premier millénaire, ont acquis des personnalités très affirmées, des spiritualités et des mentalités théologiques très spécifiques. Les grands théologiens Urs Von Balthasar et Karl Barth ont eu des conversations très approfondies. Mais c’était pour conclure à une sorte de différence irréductible. Leur amitié qui s’était renforcée ne pouvait modifier leur situation fondamentale qui les faisait l’un catholique, l’autre réformé.

L’œcuménisme par bien des aspects  a tout changé, par d’autres il nous a fait aussi prendre conscience de nos spécificités.  À quel point celles-ci sont-elles des richesses
à sauvegarder
, à quel point sont-elles des obstacles encore redoutables ? Cela doit nous donner encore plus de joie de nous retrouver ensemble dans la prière commune et de témoigner du même et seul Seigneur « afin que le monde croie ».

Père Jean-Luc MICHAUD