Editorial du dimanche 17 février 2013

L’Épreuve du Carême

Comment saint Luc a t’il eu connaissance de ce dialogue spirituel entre ces deux êtres, seuls, dans le désert ?

Je pense qu’avant de rédiger son Évangile, lui qui « s’est informé de tout depuis les origines », a ouvert ses deux mains. Dans l’une, il a posé l’intégrité de la vie du Christ, dans l’autre, l’intégralité de notre vie d’homme. Et dans sa prière, il les a jointes l’une à l’autre.

Dans la main de l’homme, il a trouvé trois forces qui le font se mouvoir pour le meilleur et pour le pire: la faim, le pouvoir et l’amour.

Dans la main de Dieu, il a trouvé trois attitudes de salut, ces trois résistances du Christ devant les agressions du Satan. Saint Luc nous les livre comme des dons que Dieu fait à l’homme, par son Fils, pour que l’homme reste un homme debout dans tous ses combats, dans toutes ses épreuves.

Avoir faim de la Parole de Dieu pour ne pas idolâtrer les opinions humaines

Exercer le pouvoir, ajusté à Dieu et non au désir d’assouvissement de son ego.

Aimer Dieu pour lui-même pour ne pas aimer l’amour sans aimer Dieu.

Ces trois épreuves sont des tentations qui traversent nos histoires personnelles comme nos histoires politiques : la monopolisation du pain (« du pain et des jeux ! »), l’idolâtrie du pouvoir (totalitarismes) et l’adoration de l’éros (désuni de l’agapè): l’homme sans Dieu déifie les biens. Et la foi chrétienne vient contester radicalement ces dictatures en refusant d’adorer le pouvoir politique (César n’est pas Dieu), le sexe (par la chasteté de notre comportement) et la superstition (« tu n’adoreras que Dieu seul… de tout ton cœur… »).

Voilà l’enjeu du Carême : nous remettre en perspective ces deux réalités : notre capacité à créer des idoles séduisantes, et la victoire du Christ sur toutes ces idolâtries.

Entrer en Carême, c’est dire à Jésus « Je te bénis d’être vainqueur là où je suis vaincu. Tu es ma force. J’entre résolument avec toi dans ce combat ».

Que la décision récente de notre Pape remette en nous, au seuil du Carême, cette humilité qui devrait être notre gouvernail.

Père Philippe Marsset