Editorial du dimanche 15 mars

NOTRE FOI NOUS SAUVE DEVANT DIEU

Dans la seconde partie de l’entretien avec Jésus, le pharisien Nicodème ne prend plus la parole : c’est bien à lui pourtant que s’adresse cette méditation de saint Jean, à lui et à ses semblables. Venu de nuit trouver Jésus, il rencontre la Lumière, mais il lui faudrait s’arracher aux ténèbres et s’ouvrir pleinement à cette lumière en agissant selon la vérité. Ombre et lumière tout ensemble comme chacun de nous, il hésite à s’ouvrir au don de Dieu, à faire le saut de la foi qui pourrait le sauver.

Il suffirait de regarder le Fils de l’homme élevé en croix pour découvrir ce qu’il vient révéler : l’amour de Dieu pour le monde, dont la croix est le signe éclatant.   Mieux qu’Abraham sur le point d’immoler Isaac, Dieu est allé jusqu’au bout de son amour en nous donnant son Fils unique. Quelle échappée sur le mystère de Dieu ! Nous nous contentons si souvent de voir dans la croix du Christ une simple réalité historique, alors qu’elle est et reste avant tout un événement entre Lui et son Père. Pour les yeux de la foi, ce qui est visible de Dieu, c’est la Passion du Christ : en elle, Jésus se livre et le Père livre son Fils ; Jésus souffre de mourir et le Père de voir mourir son Fils. Abandon et pourtant communion : séparés l’un de l’autre de la manière la plus profonde, ils sont en même temps unis de la manière la plus intime.

Comment est-il encore possible de croire en Dieu après Auschwitz, après les derniers attentats terroristes, ici et ailleurs ? Pourquoi tant de haine, de larmes et de sang ? Pourquoi tant de « pourquoi » qui n’ont pas de réponse ? Il n’y a pas de réponse. Ou plutôt, le Dieu crucifié est lui-même cette réponse. L’accueillir dans la foi, fût-ce comme une question, c’est déjà sortir des ténèbres et marcher vers la lumière.

Père Joseph Hunt