Editorial du dimanche 10 mars 2013

FILS PRODIGUE OU PÈRE MISÉRICORDIEUX ?

 Je dirais : tous prodigues et miséricordieux.  Car le propre de l’être humain depuis ses origines est de quitter sa famille. La volonté de s’émanciper et d’être à 100% maître de son avenir est une bonne chose. Jésus lui-même l’a fait à l’âge de 12 ans. Sa fugue a permis à Marie sa mère et à Joseph son père de comprendre et garder dans leur cœur que leur enfant est venu pour être dans la maison de son Père.

Le fils prodigue nous découvre la mission et le cœur d’un père ou d’une mère. Tous deux images de Dieu qui donne la vie, la fait grandir en en prenant soin (après la manne, Dieu donne les produits de la terre promise à son peuple) et toujours prêt à la renouveler par sa miséricorde. Rappelons-nous, après le déluge : «…Le Seigneur respira l’agréable odeur, et il se dit en lui-même : « Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme. Les pensées de son cœur sont mauvaises dès sa jeunesse ; mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. » » Genèse 8,21. Et cette parole qui souvent nous bouleverse : « heureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur ». C’est par les bras étendus sur la croix de son Fils que Dieu nous redonne notre identité de fils.

Les échecs des fils sont le miroir du cœur des parents. C’est à leur façon d’agir face aux choix que font leurs enfants que se révèlent les sentiments qui animent le cœur d’un père ou d’une mère. Merci Benoît XVI, « Deus Caritas est, Dieu est amour ! ». C’est vrai, lui seul est capable d’un amour inconditionnel. «… il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers ». Rares sont ces moments où nous pouvons trouver dans nos sociétés un tel amour : « il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs mais personne ne lui donnait rien ». Je dirais : pas plus dans le cœur de nos frères ! «… ton fils … ». Il n’est donc plus son « frère ». Bien sûr, à l’exception du Frère, Jésus, image visible du Père.

L’amour, ou un cœur qui aime, ne se trouve pas à tous les coins de rue… Il est important d’exprimer sa reconnaissance envers ceux qui t’aiment. Dis-leur merci !  Dieu notre Père attend que nous soyons miséricordieux avec nos frères. Mission impossible ?  Oui, si nous l’accomplissons de nos propres forces. Non, si nous nous plongeons en premier dans la miséricorde du Père : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu ».

Père Bénigne IKANI