Editorial du dimanche 7 novembre 2010

Héritiers de la résurrection

« La résurrection » est un mot courant dans l’Église, et il désigne en premier lieu la victoire du Christ sur la mort, mais aussi il annonce l’espérance chrétienne par excellence, celle de vivre à jamais avec Dieu, le corps, l’âme et l’esprit unifiés dans un bonheur indes-tructible.

Le mot « âme » est consacré par l’usage de l’Écriture et de la Tradi-tion, il désigne un élément spirituel qui subsiste après la mort, doué de conscience et de volonté, en sorte que le « moi humain » demeure, mais dans le temps intermédiaire sans le complément de son corps, (Recentiores episcoporum synodi, 1979).

La foi de l’Église en la résurrection trouve son commencement dans la conscience du Peuple élu, Israël, persécuté au nom de sa foi par les païens d’alors qui méprisaient les préceptes de la Loi de Dieu. Le livre des Martyrs d’Israël rapporte l’effrayante persécution de sept frères et de leur mère par Antiochus. Cet épisode montre que l’endurance de ces témoins passe par la fidélité à la parole de Dieu.

Le mépris de la mort est alimenté par la certitude fondée sur la Loi, à savoir que tout ce que Dieu a promis, il est assez puissant ensuite pour l’accomplir, car il donne la vie aux morts et appelle le néant à l’existence. Ce témoignage du martyre n’est pas donné à tous mais son enseignement est pour tous.

En effet, tout le monde n’a pas la foi en Dieu ou en la résurrection des corps après la mort. Les Sadducéens du temps de Jésus, remplis de leurs doutes, vont à la rencontre du Maître de la foi. Ces fameux hommes qui ne croient pas en la résurrection (anastasis en grec) ne manquent pas de citer la Loi de Moïse sur la succession généra-tionnelle (exanastèsè sperma, même racine en grec), usant à leurs dépends d’un terme évoquant l’espérance d’une vie sans cesse renouvelée, contenue dans les termes même de la Loi.

En voulant éprouver Jésus en citant la Loi de Moïse, ils ignorent donc le contenu même de ce qu’ils annoncent. Mais Jésus, connais-sant les lois de l’incarnation, est venu pour révéler la grâce de la résurrection fondée sur la foi au Dieu vivant, bien plus vivant que tous les enfants de ce monde.

La résurrection est une filiation au Dieu vivant et créateur qui nous affranchira des lois pesantes de la vie présente. Jésus rappelle que Moïse au Buisson Ardent relie Dieu à la mémoire des Patriarches, faisant d’eux des ressuscités par avance. Mais ils ne devaient pas parvenir sans nous à la perfection. C’est pourquoi par la foi au Christ et aux sacrements de l’Église nous sommes devenus, avec les Patriarches, héritiers de la résurrection.

Père  Vincent Naude