Editorial du dimanche 31 octobre 2010 et de la Toussaint.

ACCUEILLIR JÉSUS COMME ZACHÉE

Pour écouter l’évangile de ce dimanche, il importe de ne pas perdre le fil du récit de saint Luc, dont sont omis certains passages par le découpage liturgique. Le thème général de cette partie du livre est l’accueil du Royaume, ce qui n’est pas si facile apparemment. Neuf lépreux sur dix sont passés à côté (Lc 17,12-19). Un seul a compris, un Samaritain.

Ce Royaume qui est à recevoir, il faut apprendre à l’attendre avec persévérance dans la prière, comme la veuve face à ce juge qui se moquait de Dieu (Lc 18,1-8). La prière nous amène peu à peu à une foi accueillante : non l’attitude de ceux qui se croient justes, comme le pharisien, mais celle qui rend juste celui qui reconnaît ses péchés en se confiant à Dieu. Le publicain humblement repentant est sur la bonne voie pour accueillir le Royaume (v. 9-14). « Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas » (v. 17). Zachée, le riche, montant sur un arbre comme un enfant, reçoit le Seigneur dans sa maison. Tout est à recevoir. L’enfant n’a rien et son dépouillement lui donne le sourire face à cette affirmation de Jésus : «  Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses de pénétrer dans le Royaume de Dieu ! »
(v. 26).

Le renoncement à toute sécurité humaine  permet de prendre le chemin du dépouillement avec Jésus : « Prenant les douze avec lui, il leur dit : voici que nous montons à Jérusalem… » (v. 31). Oui, à Jérusalem s’ouvriront pour nous les portes du Royaume. Cette montée est à faire avec Jésus et en Église. Cette montée passe par Jéricho, la porte d’entrée dans la terre promise. C’est par là que les Hébreux, sous la conduite de Josué, sont entrés dans la « terre sainte » (Josué 6). Jésus, le nouveau Josué, s’approche et traverse maintenant la ville. Voilà la chance à saisir. Un aveugle et surtout Zachée en profiteront. Zachée accueille Jésus, lui ouvre sa maison et spontanément redistribue ses biens. Zachée ne demande rien. C’est Jésus qui l’interpelle par son nom : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi ».

Le royaume apporté par Jésus est donc un don, personne ne le mérite. Il est à accueillir et ceux qui acceptent d’en profiter auront le privilège de sortir de leur égocentrisme pour s’ouvrir à la conversion et au partage.

Père Bénigne Ikani