Editorial du dimanche 30 mai 2010

La Sainte Trinité

Dans le livre du Deutéronome Moïse rappelle au peuple d’Israël la singularité du Dieu créateur qui, depuis les origines, entretient avec son peuple une relation privilégiée parmi tous les autres peuples de la terre. Israël a entendu la voix du Seigneur au milieu du feu. Cette audition dans la flamme était une préfiguration de la Pentecôte à venir lorsque cinquante jours après la Résurrection du Christ ses disciples réunis tous ensemble virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux (Actes 2,2) et ils furent remplis de l’Esprit Saint. Moïse prophétisait sur des événements futurs, mais il annonçait aussi la valeur intrinsèque de la vitalité divine. La parole que Dieu adresse ne met pas à mort, en fait, elle accompagne le peuple d’Israël dans toutes ses épreuves. Par sa parole Dieu est donateur de vie et pédagogue de l’histoire humaine, et plus particulièrement de l’histoire sainte du peuple de Dieu. Combat historique certes, mais aussi combat spirituel, car Dieu fait sortir son peuple d’Égypte pour l’affranchir des pratiques idolâtres et pour l’envoyer au désert, afin d’écouter sa parole par son prophète et pasteur Moïse.

Cette libération n’a d’autre but que d’aider Israël à comprendre et à méditer la suprématie de Dieu sur toutes les autres divinités qui ne sont que des créations humaines. Cette conscience de l’unicité de Dieu, tout à fait novatrice dans le champ des divinités de l’époque, a une conséquence éthique fondamentale. Il s’agit de la garde des commandements. Une garde qui, plus qu’une observance de la Loi, est en fait une mémoire renouvelée et actualisée des exploits du Seigneur, seul habilité à donner le vrai bonheur aux générations humaines.

Dans son épître aux Romains, Saint Paul manifeste que l’activité de l’Esprit est de nous libérer des peurs ancestrales héritées de nos ancêtres, afin de nous conférer une audace et une liberté filiale en disant au Dieu invisible et créateur, « Abba ! ». Ainsi, toute confession du Dieu unique repose sur une relation filiale avec lui, une piété dont le Christ est l’unique modèle toujours à contempler.

Lorsque Jésus se retrouve après la résurrection avec ses disciples sur la montagne, il affirme sa suprématie au ciel et sur terre. L’adoration de certains ne chasse pas les doutes des autres. Cependant Jésus ne fait que redire ce que déjà Moïse avait annoncé au peuple d’Israël sur l’autorité de Dieu et l’importance des commandements à garder. Mais son message renouvelle l’horizon théologique car sa toute-puissance s’accompagne de sa présence auprès de ses disciples et de l’humanité en marche dans l’histoire. Une présence qui fait naître une relation avec le Dieu vivant, c’est ce que la théologie appelle la Trinité, c’est-à-dire une relation de personnes.

Cette présence victorieuse du Christ ressuscité, l’Église ne cesse de la chanter dans toutes ses doxologies qui glorifient le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Père  Vincent Naude