Editorial du dimanche 3 octobre 2010

La Croix : arbre planté dans la mer

Le prophète Habacuc est d’une actualité étonnante. Dans notre lecture dominicale, il manifeste le désarroi de nos contemporains devant l’apparent silence de Dieu, devant l’histoire de ce monde dur et violent, «…dispute et discorde se déchaînent.». Cependant notre prophète n’est pas à la remorque des derniers déchaîne-ments de l’histoire, certes il se plaint mais il ajoute qu’il «guettera ce que dira le seigneur».

L’homme de Dieu, tout en portant l’écrasant poids de ce monde met en oeuvre la force cachée de sa foi qui le met à l’écoute de son Seigneur. Habacuc, par sa foi en Dieu, est un veilleur aux seins des ténèbres de ce monde, et ses questions reçoivent une réponse à travers une vision. Cette vision est un appel à la patience, à l’attente du jour de Dieu, à la fidélité du serviteur envers son Seigneur.

Voir l’invisible et attendre sa révélation, voilà bien le paradoxe de la foi. Déchirement intime entre le déjà-là et le pas encore. Défi pour les âmes droites dans un monde tordu et fidélité pour le juste qui vivra de sa foi.

C’est alors que les disciples croyant être exaucés rapidement s’écrient vers Jésus, «augmente en nous la foi!». Mais le Seigneur reçoit-il des ordres ou bien n’est ce pas aux serviteurs de les recevoir ? Jésus enseigne ce qu’est la foi, une réalité toute petite contenant un mystère infini ; sa vie, sa mort et sa résurrection.

Le grand arbre planté dans la mer, c’est sa croix, déjà symbolisée par l’arbre de vie du jardin d’Eden gardé par les chérubins et la flamme du glaive fulgurant. La mer, ce sont les forces du mal qui engloutissent l’homme, image du péché à la porte de son cœur, comme une bête tapie qui le convoite. Le pasteur, c’est Abel, et le laboureur, c’est Caïn, appelés à offrir le fruit de leur travail en signe d’amour.

La tentation homicide de Caïn est toujours à l’œuvre dans nos vies, écho d’un innommable chaos meurtrier qui méprise le commandement divin «Tu ne tueras pas !», insolente déso-béissance !

Tous, nous sommes les serviteurs du Créateur de l’homme et de l’univers, exécuteurs de ce que Dieu commande. C’est le Seigneur qui fait la qualité de ses serviteurs, qui est d’avoir la foi en Celui qu’ils servent selon les fonctions quelconques qu’il leur a distribuées.

La réconciliation de l’humanité passe par le mystère de la Croix de Jésus, signe historique planté sur notre terre, et oeuvre accomplit par le Verbe de Dieu qui s’est offert dans un esprit éternel, afin que nous rendions un culte au Dieu vivant.

Père  Vincent Naude