Editorial du dimanche 27 novembre 2016

VEILLONS DONC

« Deux hommes seront aux champs, l’un sera pris, l’autre laissé ; deux femmes seront au moulin, l’une sera prise, l’autre laissée ». Cette page d’Évangile nous annonce t’elle un arbitraire ou un coup de poker spirituel ? Dans les deux cas, ce serait bien hasardeux et injuste !

Le temps de l’Avent commence aujourd’hui et nous aide évi-demment à préparer Noël.  La crèche va faire se rencontrer les générations dans nos familles et sur nos places publiques. Mais ce n’est pas suffisant de dire aux enfants que Noël est l’anniversaire de la Naissance de Jésus. Sinon, les textes des liturgies d’Avent parleraient tous de cette attente messianique. Mais aujourd’hui ils nous parlent de sortir de notre sommeil (saint Paul) et de Noé et le déluge (dans l’Évangile).

Noël veut tourner aussi notre regard vers la venue non plus géographique de Jésus (Bethléem), mais sa Venue eschato-logique, c’est-à-dire, celle attendue pour la fin des temps. Ce n’est plus Jésus en chair et en os que nous verrons, c’est Jésus glorieux, venant « juger les vivants et les morts », comme nous le disons dans le Credo.

Il me semble que ces hommes aux champs et ces femmes au moulin veulent nous parler de cette venue. Si l’une est prise et l’autre non, c’est qu’intérieurement, l’une est prête, et l’autre non. Mais ces personnes font le même travail. Extérieurement, rien ne distingue l’élu(e) de l’exclu(e), c’est donc que le cri-tère est visible pour Dieu, pas pour les hommes : ce critère, c’est la vie intérieure, la vie « dans l’Esprit » dirait saint Paul : Dieu ne juge pas les apparences, mais le fond des cœurs.

Veillons donc. Sur ceux que nous aimons certainement. Mais sur la cohésion de notre propre vie d’abord. Unifier notre vie intérieure (celle que Dieu anime) et notre vie extérieure (celle que les autres voient), voilà le défi de l’Avent.

Philippe Marsset