Editorial du dimanche 26 février 2012

NOUS FAISONS LE CARÊME PARCE QUE JÉSUS L’A FAIT

« De nos jours, le Christianisme n’est plus la seule religion qui souligne l’importance du renoncement pour avoir accès à Dieu. Durant le jeûne du Ramadan, l’Islam impose aux croyants une discipline ascétique dont bien peu de chrétiens accepteraient aujourd’hui les exigences. Il en va de même pour les juifs, le jour de la grande expiation (Yom Kipour).

Cependant, ce qui caractérise le Carême chrétien, c’est uniquement notre volonté de suivre le Christ. « J’aime la pauvreté, parce qu’Il l’a aimée » disait Blaise Pascal. Nous pouvons donc ajouter : nous faisons le Carême, pare que le Christ l’a fait.

La rencontre de Jésus au désert revêt donc une importance primordiale. L’image de Jésus passant quarante jours à jeûner parmi les bêtes sauvages, tenté par le diable puis servi par les anges, a pour chacun de nous une valeur exemplaire. Cette image nous lance un appel, l’appel à aller au désert.  L’homme ne se retourne vers Dieu, n’approfondit sa relation à lui, que s’il accepte d’entrer dans une certaine zone de silence profond. Là il pourra se nourrir de sa parole, se battre contre les forces du mal et  apprendra  à avoir faim du Christ, unique pain vivant et vrai. »1 

Dans le monde d’aujourd’hui, la plus grande tentation est d’ignorer la tentation. Séduire quelqu’un, c’est tester sa vérité. La tentation met en évidence les valeurs qui nous guident. Elle exige le silence, un discernement sérieux et révèle l’orientation de notre liberté. À la lumière de notre foi, la tentation questionne notre relation avec le Seigneur.

« Il vivait parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient ». Dans le désert, Jésus se révèle comme le nouvel Adam. Le désert devient  le paradis. C’est l’entrée dans les temps messianiques, où l’harmonie primordiale est retrouvée. Les anges révèlent la protection de Dieu sur son Fils. Ce Dieu qui a fait alliance avec Noé et avait juré de ne plus détruire la vie, quel que soit le péché de l’homme.

Pour nous Chrétiens, vivre un vrai Carême c’est apprendre à garder nos yeux fixés sur le nouvel Adam. Le Carême est donc un acte d’amour pour le Christ et pour tous ceux qu’il appelle ses frères. Telle est  cette Bonne Nouvelle : « les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle ».

Père Bénigne Ikani

1. Mgr Pierre Jounel, Missel du dimanche, Mame-Desclée, 2001. Page 49.