Editorial du dimanche 21 novembre 2010

Une Royauté de communion

Saint Luc donne tout de suite la couleur de la royauté du Christ : « Une inscription était placée au-dessus de sa tête :  “Celui-ci est le roi des Juifs.” »  Celui qui est ainsi désigné est un crucifié, mis au rang des brigands et des condamnés de droit commun.  C’est bien sûr un titre de dérision pour Jésus. C’est aussi un titre de mépris des Juifs de la part de Pilate. Nous comprenons pourquoi saint Jean nous dit que les grands prêtres auraient préfé-ré que Pilate écrive :  « Cet homme a dit : “Je suis le roi des Juifs” »  La nuance, évidemment, est d’importance !

Mais Pilate n’est pas le seul à traiter Jésus de roi. L’un des deux malfaiteurs crucifiés avec le Christ s’adresse à Jésus en lui disant : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton règne. » Qu’est-ce que celui qu’on appelle le « bon larron » mettait sous ce mot de règne ?  En tout cas, pas ce que nous, nous y mettons !  Il avait sans doute entendu parler de ce prophète venu de Nazareth qui, comme le dira saint Pierre, « a passé en faisant le bien ».  Il a fait preuve d’une belle humilité en reconnaissant qu’après ce que lui et son compagnon d’infortune avaient fait, leur châtiment était juste : « Nous avons ce que nous méritons. » Mais, ajouta-t-il, « lui n’a rien fait de mal ».  C’était donc un juste qui mourait injustement. Peut-être ce misérable larron avait-il entendu la réflexion d’un sage : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et nul tourment ne les at-
teindra. »  Alors peut-être s’est-il dit que si Jésus allait se souvenir de lui quand il sera dans la main de Dieu, il aura lui aussi une chance d’échapper à la mort définitive.  Jésus dira : « Père, en tes mains je remets mon esprit. »

À la prière du « bon larron », Jésus donne une réponse fulgurante :  « Amen, je te le déclare :  aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis. »  En l’occurrence, ce n’est pas le lieu qui importe, mais bien la compagnie :  Être avec Jésus. Et c’est ici que Jésus dévoile la puissance de sa royauté.  Il va vaincre la mort en étant capable de renouer avec le malheureux crucifié à côté de lui une relation de vie, pour toujours.

Déjà, il avait fait cette promesse à ses disciples : « Je pars vous préparer une place. Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi.  Et là où je suis, vous y serez aussi. ». Là est la royauté du Christ :  lorsque nous sommes tous avec lui.