Editorial du dimanche 20 septembre 2015

Servir

« Chut, ne dites pas que le Fils de l’Homme doit souffrir, mourir et ressusciter ». Etonnant silence que Jésus demande à ses disciples, puisque c’est la vérité. Comment le comprendre ?

L’Écriture explique l’Écriture. La réponse est donc donnée par l’Évangile lui-même dans la discussion qui suit cette étrange consigne. Les disciples se demandent en effet qui est le plus grand et Jésus prend un enfant pour le mettre au milieu d’eux. C’est une façon pour lui de dire avec ce geste qu’il se fera lui-même le dernier, qu’il sera le Serviteur souffrant jusqu’à la croix. Personne ne prendra la place de ce premier (Berger) qui se fait dernier (Agneau).

Le problème de Jésus c’est juste que les Apôtres le comprennent à défaut de l’accepter aujourd’hui. Car notre religion (le christianisme) est une religion de la kénose ! C’est-à-dire de l’abaissement de Dieu pour nous sauver du péché, du mal et de la mort : Servir et non être servi. Le disciple qui n’est jamais au-dessus du Maître est donc serviteur.

Dans notre quartier, ces 10 derniers jours, il y a eu beaucoup de serviteurs des pauvres. Les uns par foi, les autres par humanisme, certains par militance. Mais tous avec cœur. Aujourd’hui les soudanais ont été conduits dans des centres d’accueil (11 lieux à Paris et région parisienne) pour un mois de temps, afin d’examiner chaque situation particulière. Je me permets de vous livrer une réflexion qui m’est venue grâce à leur présence au milieu de nous, pendant ces jours : les migrants sont un problème quand on les regarde de loin, ce sont des visages quand on les voit de près. Et ça change tout : «  quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ».

Père Philippe MARSSET