Editorial du dimanche 2 janvier 2011

ÉPIPHANIE : VENEZ, ADORONS !

Les enfants comme les grands, y compris nos amis pâtissiers, guettaient impatiemment l’apparition dans la crèche de ces trois mystérieux personnages qu’on appelle les « rois mages » et qui viennent, à leur tour, compléter les adorateurs de l’Enfant-Dieu. Cette fois-ci tout est en place et c’est aujourd’hui l’Épiphanie, la manifestation du Sauveur du monde à son peuple et à toutes les nations. À cette occasion, l’évangéliste Matthieu souligne l’inquiétude du roi Hérode, somme toute bien compréhensible, mais aussi de « tout Jérusalem avec lui ».  Ce qui parait étrange alors que la nouvelle n’est parvenue qu’au palais royal. Il anticipe déjà l’évènement de la Croix : tout le peuple rejettera le Messie adoré par les Mages dans cet enfant nouveau-né.

Mais l’important pour nous aujourd’hui, c’est de retrouver ce qui poussait ces païens venus d’Orient à adorer Jésus. C’est de redécouvrir l’adoration de Jésus notamment présent dans l’hostie consacrée. Car nous sommes tous faits pour adorer.  « J’ai soif, mais d’une soif si ardente, d’être aimé des hommes au Saint-Sacrement, que cette soif me consume », a dit le Christ à Sainte Marguerite-Marie Alacoque.

Nombreux sont les spirituels qui nous invitent à la suite des bergers et des rois mages à faire de l’adoration le moyen de devenir des hommes nouveaux. Ainsi « nous avons besoin de son regard amoureux » disait Jean Paul II.  C’est aussi pourquoi ils insistent sur la nécessité de préparer et de prolonger l’eucharistie par un temps d’adoration. Le regard du Christ est puissant : il guérit, console, pardonne, enseigne et sanctifie.

Dans les années 70 un livre eut un grand succès : Dieu existe, je l’ai rencontré d’André Frossard. Celui-ci s’était converti alors qu’il avait 20 ans. Il raconte comment il a rencontré brusquement la vérité de la foi chrétienne, « dans une silencieuse et douce explosion de lumière », alors qu’il était entré à la recherche d’un ami dans la chapelle des religieuses de l’Adoration, rue d’Ulm à Paris. Cette conversion, vraiment inattendue devant le Saint Sacrement exposé, doit nous convaincre de la place centrale de la prière d’adoration dans les efforts d’évangélisation engagés par l’Église et aussi pour demander des vocations religieuses.

À Lu Monferrato, en 1881, des mères de familles de ce village d’Italie du nord décident d’adorer régulièrement pour qu’un ou plusieurs de leurs enfants s’engagent dans la vie religieuse. Leur foi et leur fidélité vont déplacer les montagnes : en une génération, cette bourgade va donner à l’Eglise 323 vocations, dont 152 prêtres. Parmi eux, plusieurs évêques et Filippo Rinaldo, salésien, béatifié par Jean Paul II en 1990. Alors au lieu de maudire nos ténèbres, accueillons la lumière et n’attendons plus pour nous mettre en adoration.

Père Jean-Luc MICHAUD