Editorial du dimanche 1er mai 2011

AIMER POUR LA VIE ETERNELLE

La résurrection selon la chair ! Voilà bien la confession de la foi de l’Église au cours des siècles. Cette espérance chrétienne en la résurrection du corps s’enracine dans la conscience universelle
de l’humanité appelée à la vie, mais trouve sa réalisation plénière en Jésus Christ victorieux du redoutable ennemi de l’homme,
la mort.

Quant à la nature de la condition finale du ressuscité, nous n’en savons rien. Seule l’épître aux Philippiens nous rappelle que
« Jésus Christ transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu’il a de se soumettre toutes choses » Ph 3, 20.

Comme si la seule affirmation de pouvoir ressusciter pouvait satisfaire notre désir de bonheur total. En fait, rien de ce qui est connu de bien ici-bas n’est sans relation avec ce qui est espéré dans l’au-delà. Lorsque Jésus dit : « avance ton doigt, avance ta main ! », il donne à Thomas d’être en relation spirituelle avec le ressuscité par contact avec son corps. C’est de ce rapport que l’invitation à la foi jaillit de la bouche de Jésus.

Croire en Dieu est assez facile, mais croire que le Verbe de Dieu a assumé un corps doué d’une âme rationnelle, voilà qui est le propre de la foi catholique. Cheminement dans l’obscurité, sans voir mais en croyant, ce qui est une bénédiction par excellence, une béatitude. Un de la Trinité s’est fait homme ! Car quel mérite y a-t-il à croire des évidences vues et connues de tous ? Aucun ! Alors que croire sans voir, c’est déjà recevoir une vision spirituelle des vérités finales dans l’histoire de ce monde. C’est être investi par une foi, une confiance dans les valeurs du monde à venir, alors que les lois de ce monde jointes aux incrédules semblent se liguer contre elles.

La foi en la résurrection est le bouclier de la puissance de Dieu qui nous protège d’une vision réduite de la vocation de l’homme. Il est impossible d’aimer son prochain sans l’inclure dans la perspective de la vie éternelle. La communion fraternelle, à la manière des premiers jours de l’Église est une communion à la vie du Ressuscité qui se communique par l’invisibilité de son souffle créateur. Il répandit sur eux son souffle et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint ».

La foi en la résurrection des corps n’est pas une pensée médiocre comme il en fleurit régulièrement. C’est une espérance source de vertus, de paix et d’amour du prochain dans un monde égaré
par les illusions des jouissances immédiates et des violences extrêmes.

Le chrétien possède cette acuité visuelle de voir en chacun l’âme victorieuse de la mort et son corps glorifié par son Créateur !

Père  Vincent Naude