Editorial du dimanche 19 décembre 2010

DIRECTION NOËL

Avez-vous remarqué dans l’évangile d’aujourd’hui comment Dieu exauce saint Joseph, lui qui, étant juste, a sûrement prié avec le Psaume 24 (25) : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route, dirige-moi par ta vérité » ? En fait, le Seigneur lui a laissé le temps de prendre une mauvaise décision, mais pas celui de la mettre à exécution.

La Loi interdisait de prendre chez soi une épouse qui, selon toute évidence, n’avait pas gardé sa virginité. Mais, dans sa mansuétude, Joseph voulait lui éviter autant que possible la honte et la rigueur du châtiment. On peut s’interroger sur la “faisabilité” de son plan qui consistait à la « répudier en secret » mais, en tout cas, ce n’était pas la bonne solution, eu égard à la réalité de la situation de Marie qu’il semble ignorer.

Certains disent que Joseph avait deviné l’innocence de la Vierge et le caractère sacré de l’enfant qu’elle portait en elle. En conséquence, il se serait estimé indigne de les recevoir chez lui, d’où sa décision de s’abstenir. Mais, dans cette hypothèse d’intention très dévote, sa résolution n’en apparaît que plus déplorable.

Mieux vaut penser que Joseph envisage d’assumer courageusement à la fois ses obligations légales et le désir de ménager le plus possible celle que les faits désignent comme sans doute coupable. Ainsi, il accomplit la miséricorde, cette justice excellente qui commande de ne pas croire volontiers au mal et d’espérer contre toute apparence. « Les voies du Seigneur sont amour et vérité. »

N’est-ce pas pour cela que Dieu l’a laissé aller au bout de son chemin de conscience avant de le libérer du dilemme par une intervention au dernier instant ? N’a-t-il pas agi de même avec Abraham, le père des croyants et des justes par la foi, dont il n’a arrêté le bras que se levant déjà sur son fils Isaac ?

Saurons-nous en tirer la leçon, nous qui voudrions une “direction spirituelle” qui nous permettrait d’effectuer en toute sécurité les choix importants qui nous incombent ? Que saint Joseph nous apprenne à ne pas tenter de deviner les intentions de Dieu mais plutôt à chercher humblement le juste chemin à la lumière de la loi d’amour et des enseignements de l’Église. À assumer nos responsabilités pour mieux nous disposer à accueillir avec joie les initiatives inouïes de Dieu qui, comme par la Nativité de son Fils, accomplit de façon absolument surprenante nos plus profondes attentes.

Marc Lambret, curé