Editorial du dimanche 18 mai 2014

JE PARS VOUS PRÉPARER UNE PLACE.

Peu avant son Ascension, c’est la parole que Jésus nous adresse. Que cherchons-nous, comme être humains, comme personnes, sinon une place ? Notre place ? Être reconnu, avoir une identité, un lieu, une demeure. Notre monde favorise les individus mais il est rude pour les personnes : il s’agit, depuis l’école et même après, d’être fort tout seul, de se débrouiller, d’accomplir des performances, d’être mobiles, autonomes. Pourtant ce que notre cœur attend, c’est une reconnaissance. Dans notre société, combien juste sonne cette parole de Jésus ! Il part nous préparer une place. Non pas un lieu pour être seul, coupé des autres, mais un lieu pour « être avec » : « là où je suis vous y serez aussi ». Finalement, ce dont nous avons soif, c’est d’une vraie communion avec des êtres qui nous écoutent, nous respectent et nous estiment. Qui reconnaissent en nous l’être unique que nous sommes, qui ont de la compassion pour nos cicatrices, de la douceur avec nos blessures. Le Christ est cette tendresse de Dieu qui nous dit : vous avez du prix à mes yeux, vous existez vraiment, vous pouvez être davantage, vous pouvez accomplir des choses plus grandes. Ne vous rapetissez jamais devant Dieu ! Être en Dieu, laisser Dieu nous habiter, ce n’est pas abdiquer sa personnalité propre, son identité. Au contraire, c’est trouver un lieu qui me permette de devenir vraiment moi-même, selon le dessein originel de Dieu. Il nous a créés pour être vraiment et cela passe, comme pour lui, par la communion. Jésus est uni au Père de façon unique et intime. Il l’est sans que cela n’enlève quoi que ce soit à son humanité et à sa divinité. Comme le disait Benoît XVI : « Le Christ n’enlève rien, il donne tout. » En faisant une place à Jésus, nous trouvons notre place unique.
Et c’est à cette place que nous pourrons agir et faire le bien, mais toujours avec lui. Car nos actions bonnes sont vraiment de Dieu et vraiment de nous… Dieu nous murmure : « Sans toi, je ne pourrais rien ! C’est ta foi qui t’a sauvé, ce sont tes œuvres qui te donnent ta joie ; c’est bien ta liberté qui choisit de me répondre. » N’en va-t-il pas de même dans un couple qui s’aime ? Chacun n’assure-t-il pas à l’autre que, sans lui, il ne pourrait, ni être ce qu’il est, ni accomplir ce qu’il accomplit ? Le croyant remonte à la source dont tout provient. Ce qui s’échange ainsi dans les actions et dans les êtres, c’est ce que vit parfaitement le Fils. C’est dans cet échange que nous recevons dignité et reconnaissance, communion et res-pect. C’est dans cet échange de foi que se trouve notre joie. Celle pour laquelle nous avons été créés et que nul ne pourra nous ravir.

Père Jean-Luc MICHAUD