Editorial du dimanche 16 mai 2010

POUR QUE LE MONDE CROIE…

Jésus prie pour ses disciples, et pour tous ceux qui croiront en lui par la parole et le témoignage des disciples, c’est-à-dire pour nous tous : « Père, que tous soient un : comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé.» L’important pour Jésus est surtout qu’ils soient un dans la communion au Fils et au Père, dans la communion à l’unité et à l’amour qui lient le Fils au Père. Autrement dit l’insistance de Jésus est plus sur la sanctification des disciples, sur la vérité, sur la parole, sur l’envoi vers le monde, que sur une unité d’enfermement clanique : « Je ne te demande pas de les ôter du monde, mais de les préserver du Mal. »  C’est pourquoi Jésus prie pour ses disciples, pour nous.

Le mot « monde » revient 17 fois dans ce seul chapitre de Jean. Cosmos en grec, est un terme proprement théologique chez Saint Jean. Le monde est d’abord simplement, sans nuance dépréciative, l’ensemble de la réalité créée. Mais ce monde est tombé dans la révolte. C’est pourquoi nous ne sommes pas du monde, nous rappelle Jésus, mais nous sommes dans le monde. Nous ne sommes pas du monde, mais nous sommes pour le monde, pour les autres. Comme le sel de la Terre ! Aujourd’hui aussi, l’Église ne répondra à sa véritable vocation qu’en étant une Église pour les autres. Une Église qui écoute, accueille et aide les pauvres, les exclus, ceux qui lui sont étrangers. Une Église qui écoute, accueille et aide les incroyants, les mal-croyants. Et nous retrouvons ici le thème de l’unité.

La vraie unité, nous dit Jésus, c’est celle qui unit le Père et le Fils, cette extraordinaire communion d’amour entre Jésus et Dieu, qui reste un mystère. C’est en raison de cette complicité avec le Père que Jésus est l’intermédiaire entre Dieu et nous. Il est le cep et nous sommes les sarments. Il est la tête du corps, et nous sommes les membres de ce corps. Telle est notre unité. Laissons le Christ vivre en nous. Laissons notre vie devenir autre par l’Esprit du Ressuscité. Laissons entrer la prière de Jésus en nous. Pour être un avec le Fils, avec le Père. Pour être envoyés vers le monde. Pour être témoins jusqu’à l’extrême à la suite d’Etienne, le premier martyr. Notre unité nous est donnée d’en haut, comme une grâce. Nous ne la trouverons pas ailleurs. Car nous ne pouvons pas,
par nos seules forces, « faire » l’unité. Nous pouvons seulement l’obtenir comme un don de l’Esprit Saint.

Père Jean-Luc MICHAUD