Editorial du dimanche 14 mars 2010

Travail de l’Homme.  Grâce de Dieu

Les fils d’Israël mangèrent ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan. Le temps de la manne est révolu. Les fils d’Israël prirent donc possession de la terre et apprirent à dominer sa fertilité, afin d’en tirer un produit pour leur survie. Ce passage du don d’apparence magique de la manne vers un fruit produit par le travail de l’homme est signe de maturité spirituelle. Ce progrès spirituel est exprimé symboliquement par le passage du Jourdain. Tout progrès spirituel est une traversée à travers les forces de la nature qui tenteraient de nous faire reculer, voir de nous tuer. La grâce de Dieu est au cœur du travail de l’homme.

Dans l’évangile de ce dimanche, le fils prodigue après avoir choisi de quitter son père, est appelé au fond de lui-même à quitter sa vie de désordre et sa misère. Il doit quitter son monde de convoitises et de dépenses faciles et redevenir comme l’un des ouvriers de son père qui mangent du pain en abondance, fruit du travail de leurs mains. Une fois encore l’humble travail de l’homme et la grâce sont mêlés. La grâce de Dieu est symbolisée ici par l’accueil émouvant du père qui voit de loin son jeune fils revenir vers lui. Image forte de la patience de Dieu et de son invincible amour, attendant le retour de l’humanité dans la Jérusalem céleste.

Saint Paul peut dire à chaque chrétien qu’il est une créature nouvelle. En effet, avec le Christ nous avons traversé le Jourdain, en laissant sur l’autre rive les pratiques païennes de nos comportements magiques et en atteignant par la foi purifiante la rive du Dieu vivant et unique. Nous avons quitté
le monde des convoitises sordides qui plongent l’homme dans une effroyable misère morale et matérielle pour atteindre le monde du pardon et de la réconciliation. Société nouvelle où le travail matériel s’achève dans le travail de la réconciliation avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu.

Père Vincent Naude