Editorial du dimanche 13 février 2011

Une seule loi

Sirac le Sage vient de nous dire : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements. » Or, en lisant la page d’évangile d’aujourd’hui, nous devons dire que cela n’est pas possible ! Si nous passons en revue les exigences formulées par Jésus, force est de constater qu’elles sont nettement au-dessus des capacités morales et spirituelles de l’immense majorité des être humains.  « Tout homme qui se met en colère contre son frère, en répondra au tribunal… Tout homme qui regarde une femme et la désire, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur… Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le… Si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la. »  Et le tout à l’avenant ! Nous ne sommes pas bien loin des exagérations des intégristes !

Faisons sans doute la part d’une mentalité sémitique qui n’est plus la nôtre depuis longtemps, et pour laquelle ces affirmations à l’emporte-pièce ne connaissent aucune nuance.  Il n’en reste pas moins qu’une question fondamentale nous est posée :  pouvons-nous faire confiance à Jésus et accepter ses paroles ?  Un début de réponse nous est donné par Jésus lui-même. « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. »  Or, pour les Juifs, il y a une multitude de préceptes. Tandis que dans le Royaume des cieux, il n’y a qu’une seule loi. C’est celle de l’amour : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Nous ne pouvons pas enfermer la seule loi de l’amour dans le carcan d’une multitude de préceptes. Seul l’amour n’est pas anarchique. Ce n’est pas le règne du chacun pour soi. Au contraire, il implique la prise en compte des autres dans toutes les relations humaines. Il y a une phrase qui peut résumer cela : « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux. » Remarquons que Jésus met sous forme positive ce que l’Ancien Testament mettait sous forme négative. Cela signifie de toute évidence qu’il n’y a pas de limite dans le royaume de l’amour. Un amoureux qui dirait : « J’ai fait ce qui m’était imposé, j’ai évité ce qui était défendu, donc je t’ai prouvé que je t’aime », celui-là n’aurait rien compris à l’amour véritable. L’amour ne s’arrête jamais.  Demain, c’est la Saint-Valentin ! Allons fêter le « saint des amoureux » ! Mais prenons l’Évangile de Jésus comme lumière pour notre route. Nous irons de surprise en surprise et de joie en joie.

Père Joseph Hunt