Editorial du dimanche 10 mai 2015

« Voici ce que je vous commande : vous aimer les uns les autres » (St Jean 15, 17)

Ne lisez-vous pas comme un paradoxe dans cet enseignement du Christ, une contradiction entre commander et aimer : Peut on vraiment obliger à aimer, peut-on commander l’amour ?

Si une mère de famille oblige son enfant à l’aimer, c’est qu’il n’y a plus d’amour. Aucune obligation, aucune contrainte ne pourra y pallier. Mais si Dieu le demande, c’est probablement différent. Parce qu’un homme ou une femme A de l’amour, tandis que Dieu EST Amour. Dieu est la source de l’amour.

Si Jésus nous ordonne d’aimer, c’est parce que d’abord Il donne, et même, il se donne. Par amour. Sur la croix. Le don de son amour est premier, son commandement, second. Si nous voulons donc aimer de cet amour nouveau, il nous faut l’accueillir, Lui, Jésus. Jésus commande l’amour car il est Dieu qui aime jusqu’au bout l’homme, d’un amour qui va lui coûter la vie. Il le fait par amour pour nous et pour que nous aimions.

Quand une personne est très amoureuse et aimée, la jubilation d’être ainsi aimée avec cette intensité-là renouvelle radicalement sa façon d’aimer. L’amour transforme intérieurement celui qui se sait ainsi aimé. Il faudrait qu’il en soit ainsi de la conscience d’être aimé par Jésus-Christ. Son amour doit transformer notre manière d’aimer. Il doit la transpercer !

À ces deux différences près :

  • L’amour du Christ n’est pas un amour exclusif : il n’est pas pour une seule personne, il est inclusif : pour toute l’humanité.
  • L’amour du Christ ne fait pas nombre avec nos affections humaines : il est un amour sauveur, rédempteur, qui vient irriguer nos amours humains.

Le commandement suit ainsi l’amour, comme le disciple suit son Maître : heureusement, fièrement !

 Père Philippe Marsset, curé