Editorial du dimanche 29 juin 2014

Le prêtre passe, l’Église reste

Nous fêtons simultanément plusieurs évènements ce week-end : l’ordination de nouveaux prêtres, la fête liturgique de saint Pierre et saint Paul et le départ de notre paroisse d’un des prêtres. Cette unité dans le temps (le même week-end) cache une autre unité, celle de l’Église : les prêtres passent, l’Église demeure. Nos personnalités sacerdotales restent attachées à l’histoire unique de l’appel de Jésus dans nos vies, mais elles sont lovées et modelées, année après année, par l’Amour du Seigneur qui nous façonne.

Prenez Pierre et Paul, deux hommes que tout éloigne humainement et que l’Esprit réunit au service de son Église.

L’un n’a pas tout compris sur Jésus, même après trois ans de vie avec lui, l’autre a tout compris en quelques secondes.

L’un ne sait pas bien « parler Dieu », l’autre est le plus grand théologien chrétien.

L’un hésite sur ses liens comme juif avec le monde païen, l’autre est sans hésitation l’Apôtre des Nations.

L’un n’a rien d’un chef et il sera pape, l’autre a tout d’un chef et il aura du mal avec l’autorité de Pierre.

Mais l’un et l’autre « ont travaillé, chacun selon sa grâce, à rassembler l’unique famille du Christ », comme le dit la superbe préface de leur fête. Ils sont différents et ont besoin l’un de l’autre, comme dans un corps, chaque membre a besoin des autres. Nous les célébrons conjointement car c’est lorsque nous commençons à percevoir qu’un autre chrétien nous apporte un peu de sa foi ou de sa charité que nous faisons vivre l’Église en nous. La foi n’est pas une auto-proclamation, ni une conviction simplement entretenue, c’est un vivre ensemble, ce sont des liturgies, ce sont des partages avec les autres. La foi est une réalité qui nous relie simultanément à Dieu ET aux autres, à hier ET à demain (et aujourd’hui !) au visible ET à l’invisible.

Sachons identifier les charismes de chacun et rendre grâce pour cette diversité et cette unité que l’Esprit suscite. C’est cela l’Église.

Merci à toi, Jean-Luc pour ce que l’Esprit Saint a semé par ton ministère dans ce quartier et cette paroisse pendant ces 8 années. Puisque tu as choisi de partir prochainement en Terre Sainte, que ce pèlerinage te révèle, s’il en était besoin, que chaque vie est une Terre Sainte dans laquelle Dieu vient faire sa demeure. Là est le mystère de l’Amour de Dieu.

Père Philippe Marsset