Editorial du dimanche 8 novembre 2009

NOTRE VIE EST LA SEULE OFFRANDE DIGNE DE DIEU

La rencontre du prophète Élie avec la veuve de Sarepta est semblable à celle de tout croyant face à la Parole de Dieu. Rencontre humaine mais aussi rencontre déroutante. Tout d’abord, Élie réclame de l’eau, ce qu’il obtient de la veuve sans difficulté. Mais sa demande n’en reste pas là. Elie réclame un morceau de pain. La veuve lui répond qu’elle doit pour cela puiser dans ses réserves de farine et d’huile, au risque de mourir elle-même et son fils. Voilà qui a de quoi nous interroger. Comment un homme de Dieu peut-il manger le pain d’une mère et de son enfant ? En fait ainsi en est-il de la parole prophétique qui réclame de nous tout ce que nous avons pour vivre, afin de réveiller en nous la confiance, la foi. Une confiance dans la parole des prophètes, qui vient de Dieu et qui est capable de produire la quantité de nourriture suffisante pour la subsistance quotidienne. La farine est le symbole de notre humanité appelée à être pétrie avec l’huile, symbole de l’Esprit de Dieu. Ce mélange extraordinaire de la divinité et de notre humanité s’opère par la parole des prophètes lue et entendue dans la liturgie synagogale et dans nos églises. Elle nous appelle à faire confiance à Dieu, capable de produire une nourriture spirituelle en nos cœurs et de former le Christ en nos âmes. La Vierge Marie en est l’expression historique et spirituelle la plus éclatante dans le mystère de notre foi catholique. Elle qui, avant de former le Christ en son sein, l’avait déjà formé en son âme en écoutant et en obéissant à la parole prophétique de l’Ange Gabriel et répondant « que tout me soit fait selon ta parole ».

La lettre aux Hébreux nous présente le Christ non pas dans sa dimension prophétique mais dans sa fonction sacerdotale. Le Temple de Jérusalem construit par les hommes n’est qu’une pâle copie d’un sanc-tuaire infiniment plus saint, à savoir le ciel où l’on paraît devant la face de Dieu. En venant en ce monde le Christ, Verbe fait chair, est entré dans le sanctuaire de la création où il s’est offert en sacrifice, afin de nous ouvrir les vrais portes du Royaume de Dieu. C’est donc l’humanité souffrante et aimante de Jésus qui devient le média d’une réalité invisible. Par sa vie et par sa mort il nous communique l’Esprit éternel par lequel il s’est offert à Dieu.

Dans l’évangile, Jésus se tient assis dans le Temple avec ses disciples. Il leur enseigne la manière véritable de faire une offrande à Dieu. L’exemple de la pauvre veuve qu’il donne à ses disciples reste un modèle pour tous les croyants. Jésus invite ses disciples à faire des offrandes qui ont un rapport avec la vie, à offrir des choses qui nous mettent en situation d’être d’indigent par rapport au monde extérieur, à donner sans calculer ce qui nous restera. Derrière cet exemple, Jésus nous fait comprendre que la seule offrande digne de Dieu c’est notre vie elle-même qui en communique la valeur. Jésus nous fait passer d’un acte extérieur vers une réalité intérieure, non vue des hommes mais connue de Dieu seul. Car qui d’autre que Dieu seul est capable de mesurer le poids et la valeur de nos sacrifices ? Loin du regard des hommes qui jugent selon les apparences, nous offrons à Dieu le sacrifice de nos vies à la suite du Christ qui s’est offert pour nous sur la Croix. Nous offrons notre pauvreté à Dieu qui en échange nous accorde la richesse de sa Gloire !

Père  Vincent Naude