Editorial du dimanche 6 mars 2011

« Accueillir, se laisser accueillir »

Tel est le thème de notre Assemblée Paroissiale de ce dimanche, en cette année « Famille, Jeunesse » de « Paroisses en Mission », la démarche synodale de notre diocèse. La famille n’est-elle pas le « lieu d’accueil » primordial pour notre humanité, celui où elle reçoit de nouveaux membres avec joie et générosité pour leur donner toute leur place dans la société des hommes ? « Celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas », dit le Seigneur (Marc 10,15). Bien sûr, il s’agit d’avoir la même attitude envers le Royaume qu’un enfant dépourvu de pouvoir propre et donc disposé à tout recevoir comme un pur don. Mais auparavant le Seigneur dit aussi : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille » (Marc 9,37). Or, le Seigneur Jésus est lui-même le Royaume de Dieu en personne. Et il ajoute : « Celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi mais celui qui m’a envoyé. » En célébrant au cours de la messe de 11h le baptême d’un petit enfant adopté, nous vivons de façon particulièrement appropriée ces paroles du Christ.

Pour méditer en profondeur ce thème de l’accueil au cours de l’Assemblée à la suite de la messe, nul évangile ne pouvait mieux convenir que celui de la Visitation, ce chant d’amour né sous la plume de l’évangéliste saint Luc pour dire la merveille de l’accueil de Dieu en personne par notre humanité si aimée de son Créateur. Mais, dès la messe de 11h, nous entrons dans les prodromes de ce mystère en écoutant le récit de la visite du Seigneur à Abraham aux chênes de Mambré (Genèse 18,1-10), texte qui y tient lieu de première lecture. La tradition chrétienne s’est plu en effet à voir dans les trois mystérieux « hommes » ou « anges » apparus au Patriarche l’indice de la Sainte Trinité elle-même. Voilà donc qu’un homme a accueilli et nourri Dieu chez lui !

En ce neuvième Dimanche, nous entendons la conclusion du Sermon sur la montagne en saint Matthieu. Or, pour la cinquième fois d’affilée, les premiers mots du passage proclamé à la messe ne figurent pas, en fait, dans l’évangile ! Il s’agit de qu’on appelle un « incipit », une formule destinée à restituer le contexte au début d’un morceau qui s’en trouve détaché, ici : « Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus sur la montagne, il leur disait… » Ces mots, donc, reprennent la teneur du début du Sermon, avant les Béatitudes : « Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait… » , mais ils n’en respectent guère la littéralité. Accueillons pourtant cette disposition du liturgiste avec confiance et mettons cette parole en pratique en nous rassemblant généreusement autour du Seigneur Jésus pour mieux l’écouter ensemble. C’est ainsi que nous bâtirons une « Maison paroissiale » solide et accueillante pour tous, dans la tempête aussi bien que par beau temps.

Marc Lambret, curé