Editorial du dimanche 5 décembre 2010

NOUS CHERCHONS UN PRÉDICATEUR !

Chez certains chrétiens, les communautés doivent choisir elles-mêmes un prédicateur, un berger, parmi ceux qui se proposent. Dans ce contexte, on raconte la petite histoire suivante.

Le comité de sélection d’une église avait repoussé plusieurs offres. À bout de ressources, le président met sur table la candidature que voici : Monsieur, j’ai appris que votre chaire était vacante. Aussi permettez-moi de me présenter. J’ai été prédicateur et écrivain avec assez de succès. Certains disent que je suis un traître. J’ai plus de cinquante ans. Je n’ai jamais prêché plus de trois ans dans le même lieu. J’ai même été contraint de sortir en courant d’une ville après une prédication. J’ai été trois fois en prison. Ma santé n’est pas très bonne, mais je m’en accommode. Je me suis emporté contre certains dirigeants d’église. Beaucoup me critiquent, certains me menacent. J’ai été châtié physiquement plusieurs fois.
En vérité, ma prédication ne s’appuie sur aucun livre récent. Cependant si vous m’acceptez, je ferais de mon mieux.
Le président continue en disant : « le prenons-nous? » Grand silence. Un membre, indigné, déclare : « Qui est-ce ? Je suis sûr qu’aucune communauté n’en voudrait. » Alors le président  dit simplement : « c’est l’Apôtre Paul ».

En ce deuxième dimanche d’Avent, la parole que  Dieu nous adresse nous vient de deux prophètes, Isaïe et Jean le Baptiste. S’il fallait choisir, lequel prendriez-vous ?

Je reste avec Isaïe prophète et poète, parce qu’il rêve. Dans sa vision, il nous décrit un avenir encourageant, une nouvelle création, une renaissance où Dieu sera de nouveau à l’œuvre pour nous offrir une harmonie paradisiaque. Dans ce monde parfait, il n’y aurait ni bombe atomique, ni armées, ni frontières, ni drogués, ni crise. Il y aurait seulement des larmes de joie, la  paix avec la nature et entre les hommes. Cependant nous vivons dans un monde totalement contraire, plein d’inégalités, qui nous donne à penser que cet avenir dessiné par Isaïe est inaccessible. Dans la foi, pourtant, n’arrêtons pas de rêver et de travailler pour que ce règne arrive.

Dans l’Évangile, Jean le Baptiste : un prédicateur ambulant et menaçant que personne ne choisirait comme berger. Pourtant, il prend la suite d’Isaïe : il nous montre le travail à faire, le nôtre, pour que ce règne arrive. Il prêche, sans langue de bois, la conversion. Aucun de nous ne peut dire qu’il n’a pas besoin de conversion. Écoutons donc aussi Jean-Baptiste : « Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche  ».

Aucun autre prédicateur ne peut pleinement  nous satisfaire que Jésus Christ, celui qui vient de Dieu, qui est en Dieu. Lui seul est le chemin qui conduit au Royaume. Par Lui nous serons baptisés dans l’Esprit Saint et dans le feu. En n’espérant que lui nous sommes comme Isaïe et Jean Le Baptiste : en recevant leur parole nous écoutons la Parole et nous la mettons en pratique.

Père Bénigne Ikani