Editorial du dimanche 4 octobre 2009

L’homme, un enfant devant Dieu

La première lecture, tirée du livre de la Genèse, montre bien une différence d’action de la part de Dieu entre la création des animaux dans nature et la création de la femme.

Pour les animaux, le texte sacré utilise un verbe (yatsar en hébreu) qui exprime la production en série, la fabrication neutre. D’ailleurs l’homme achève cette production en la nommant, Dieu faisant d’Adam un partenaire de cette création.  Dieu demande de terminer ce qu’il a commencé dans la nature. Nommer est donc un don de Dieu conféré à l’homme. L’homme domine la nature par sa parole et nous savons que Jésus le nouvel Adam achèvera cette tâche en dominant les éléments de la nature par la puissance de son verbe et qu’il formera l’Église en appelant ses disciples par leur nom.

Pour la création de la femme, le texte sacré utilise un verbe spécifique (banah en hébreu) qui exprime une création unique, voir artistique. D’ailleurs l’homme sombre dans un sommeil mystérieux, car la matière de cette nouvelle création divine n’est autre que lui-même. La par-ticipation d’Adam n’est plus extrinsèque mais intrinsèque à sa propre nature créée. Sa participation à son réveil sera la reconnaissance de l’aide qui lui correspond. L’auteur sacré fonde ainsi le principe de l’identité dans la différenciation. C’est dans le rapport aux autres que l’on se reconnaît soi-même, ‘voilà l’os de mes os et la chair de ma chair’.

Le destin de l’homme et de la femme est donc scellé dans une mystérieuse humanité commune distribuée en chacun. Cependant le texte continue et renvoie au mot ‘un’, (éhad en hébreu). L’unité de l’homme et de la femme (ish et isha) renvoie au jour UN de la création, non pas le premier jour mais le jour UNIQUE où Dieu fit qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, ainsi est unique l’union de l’homme et de la femme. Nous voyons donc qu’Adam et Eve sont uniques. C’est l’union de leur différence, qui les rend uniques et autonomes pour vivre ensemble. Adam et Eve ne sont pas des marionnettes de la création, ils ont leur autonomie totale, et participent à la puissance du Verbe créateur de Dieu, principe unificateur de l’Homme, de l’existant en ce monde.

La lettre aux Hébreux souligne que les hommes sont sanctifiés par Jésus, en vertu de sa Passion, car ils sont de même race. En effet, Jésus a revêtu notre humanité, afin de lui rendre la dignité qu’Adam et Eve avaient perdue au jardin d’Eden. Jésus est bien la chair de notre chair, mais aussi est surtout la personne divine du Verbe de Dieu à l’origine de la création. Il nous conduit jusqu’à la gloire du Dieu invisible, créateur et maître de tout. Jésus, dans son parcours historique au milieu des hommes, achève l’œuvre de perfection engagée au jardin d’Eden.

Nous savons bien que ce chemin singulier du Christ passe par la croix. Elle réclame la confiance, c’est-à-dire la foi, d’un petit enfant. Le croyant est comme un petit enfant devant Dieu son père et il a le Christ pour pédagogue qui l’initie aux mystères du Royaume de Dieu. Jésus bénit et impose les mains, ce sont des gestes qui demeurent dans la liturgie de l’Église pour tous ceux qui sont devenus par le baptême enfants de Dieu.

Père  Vincent Naude