Editorial du dimanche 30 janvier 2011

« HEUREUX, VOUS LES FAIBLES»

La faiblesse n’a pas bonne presse. Au sens moral, elle est le défaut de qui s’enfuit devant le danger qu’il devrait affronter, cède aux pressions auxquelles il faudrait résister ou s’adonne à un vice qu’il aurait le devoir de combattre. Ainsi comprise, elle confine à la lâcheté ou à la veulerie honteuse.

Mais la faiblesse peut être aussi une situation qu’on ne saurait reprocher à ceux qui la subissent comme un état
de fait dû à la maladie ou la vieillesse, à une infériorité
physique ou numérique face à l’agresseur imprévisible, à l’ignorance innocente ou à des fragilités inévitables.

Au fond, il en va de la faiblesse comme de la pauvreté dont il est question dans les Béatitudes. Si le Seigneur pro-met la possession aux pauvres, la consolation aux affligés, l’abondance aux indigents et la gloire aux humiliés, ne devons-nous pas comprendre aussi qu’il annonce aux faibles la force ?

Pas plus que la faiblesse, la pauvreté n’est un bien en soi, au contraire. Mais nous avons appris à croire que nos man-ques pouvaient aussi devenir les brèches de notre être où souffle l’Esprit du Seigneur qui répare, guérit, console et affermit ceux qui croient au Fils de Dieu venu dans la chair.

« Heureux, vous les faibles, car vous serez fortifiés ! » viendrait alors parmi les Béatitudes rapportées par saint Matthieu. Mais ne nous y trompons pas : toutes sont un appel à reconnaître nos pauvretés dans l’humilité et à implorer avec confiance celui qui peut tout en notre faveur.

Pourquoi ne pas étendre cette attitude à notre pauvre Église qui souffre de tant de maux aujourd’hui et semble de plus en plus faible et isolée  au milieu d’une société perdant ses repères élémentaires d’humanité ? Confions au Christ son troupeau devenu minoritaire, voire insignifiant, il le bénira.

Alors nous pourrons dire comme l’Apôtre Paul : C’est lorsque je suis faible que je suis fort. Nous rendrons grâce avec le Seigneur ressuscité et nous serons pour lui de vrais disciples, comme ceux qui, s’étant approchés de lui sur la montagne, écoutèrent sa parole et la mirent en pratique.

Marc Lambret, curé