Editorial du dimanche 26 juin 2016

Enlèvement

Le temps est proche ou Jésus va être ‘‘enlevé’’. Simple euphémisme pour dire qu’il va mourir et que les siens seront privés de sa présence ?  Certainement pas.  Les dernières étapes de la destinée du Christ forment un ensemble.  Sa crucifixion, avec sa résurrection et son ascension, constituent une ‘‘assomption’’ dont le Nouveau Testament prévoit toujours le terme glorieux : l’élévation du Seigneur dans la gloire.  Comment le suivre pour que cet enlèvement devienne aussi le nôtre ? Trois cas de vocation font ressortir les exigences auxquelles doit consentir celui qui veut suivre Jésus jusqu’au bout. Trois types de rupture violente que n’inspirent ni le mépris ni le fanatisme : elle évoque une qualité de détachement et d’amour, une capacité de renouvellement qui est le fruit de la foi.

D’abord, ne pas fonder sa foi sur des sécurités matérielles ou psychologiques : tout ce que nous ne cessons de bâtir pour nous abriter des fureurs de l’hiver ainsi que des mauvaises saisons de l’âme.  Ensuite, ne pas mettre son assurance dans un passé mort et définitivement révolu : nous risquerions, à coup sûr, de périr avec lui. Enfin, regarder devant soi la portion de champ à labourer, en refusant d’entrer dans l’avenir à reculons et de réduire notre fidélité à celle de la roue soumise à l’ornière.

Une image résume tout cela : celle de la route où Jésus appelle ses disciples à le suivre jusque dans son ‘‘enlèvement’’.  Le suivre : marcher chaque jour sur son chemin, laissant derrière soi ce qui est dépassé, faisant un seul pas à la fois sans prétendre anticiper l’avenir.  Bref : vivre au présent, ou mieux, dans la présence de Jésus.  Alors, on peut aller et réinventer librement la vie, parce qu’on est conduit, soulevé – et bientôt ‘‘enlevé’’ – par l’Esprit.

Père Joseph Hunt