Editorial du dimanche 23 octobre 2011

Deux faces d’un même amour

« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »  De fait, le docteur de la Loi connaissait déjà la réponse.  Mais l’originalité de la réponse de Jésus tient dans le lien qu’il établit entre l’amour pour Dieu et l’amour du prochain. Le second est « semblable » au premier.  Il n’est pas possible de dissocier les deux « commandements ».  Toute la spiritualité authentiquement chrétienne va tourner autour de ces deux facettes d’une même réalité.  Saint Jean est formel : « Si quelqu’un, jouissant des bien de ce monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ?  Petits enfants, n’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité. »  Plus encore :  « Si quelqu’un dit :  « J’aime Dieu » et qu’il déteste son frère, c’est un menteur :  celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. »

Pourquoi y a-t-il un tel lien entre ces deux amours ?  Parce qu’il n’y a qu’une seule source de l’amour, c’est Dieu
« qui est Amour », amour absolu, amour à l’état pur. L’être de Dieu, c’est d’aimer. Pas seulement le substantif « amour », mais le verbe « aimer ».  Dès lors, nous ne pou-vons rien comprendre au mystère de Dieu, de la création, de la vie, si nous ne nous enracinons pas d’abord dans cette source unique. C’est la prière ardente de Paul : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi, et que vous soyez enracinés, fondés dans l’amour. »

Le premier amour ne vient pas de nous, il est de Dieu pour nous.  « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Dieu qui nous a aimés le premier. »  Un maître spirituel a pu dire : « Il y a quelque chose de plus important que de savoir aimer Dieu, c’est de savoir qu’il nous aime. » De cette prise de conscience découle alors l’in-vitation à nous laisser aimer par Dieu et, du coup, à recevoir en nous la capacité et la force de répondre jour après jour à cet amour : aimer Dieu devient notre respiration vitale.  Mais alors cet amour va peu à peu imprégner tout notre être, toutes nos relations, dans le détail du quotidien.

Jésus a vécu cela d’une manière absolue. Il a accueilli l’amour infini de son Père, il ne pouvait vivre que de cet amour et dans cet amour.  C’est pourquoi se tournant vers les autres, il a laissé cet amour féconder infiniment toutes ses relations.  Là est vraiment toute la Loi, tous les prophètes et tout l’Évangile.

Père Joseph Hunt