Editorial du dimanche 23 mars

Une première annonce réussie !

Même si Jésus ne fit que traverser la Samarie pour se rendre en Galilée, ce passage obligé chez les Samaritains peut être considéré comme une annonce de l’Évangile réussie. Saint Jean nous dit en effet que beaucoup de Samaritains cru-rent en Jésus à cause des paroles de la femme qu’il avait rencontrée, et qu’ils furent encore plus nombreux à croire qu’il est le Sauveur du monde à cause de ses propres paroles.  Rien ne nous porte à douter de la profondeur de la conversion de ces habitants de Samarie ; saint Jean ne les mentionnant plus dans la suite de son Évangile. Les « succès » de Jésus étant plutôt rares ou tout au moins éphémères avant son retour auprès du Père, cherchons les pistes qu’il nous laisse dans cette rencontre qui semble avoir fait mouche.

Jésus est seul, fatigué par son voyage. Il est midi. Sa soif n’est pas feinte ou symbolique ; il aimerait vraiment que la Samaritaine lui offre à boire. Cette demande initiale met sans doute à l’aise la Samaritaine ; elle ne se trouve pas devant un Rabbi, un maître juif, mais un pauvre homme qui ne paie pas de mine. Ces circonstances expliquent la liberté de parole de la femme, voire même son ironie lorsqu’elle lui demande l’eau vive pour ne plus avoir à revenir au puits.

On est surpris ensuite par la rapidité avec laquelle le dialogue entre Jésus et la Samaritaine progresse. De l’eau que Jésus propose, ils en viennent à parler de la venue du Messie, en passant par la situation matrimoniale de cette femme et le culte véritable en esprit et en vérité. La Samaritaine n’est pas jugée par Jésus, mais il la conduit à faire la lumière sur sa vie, la lumière sur sa foi. Cette lumière lui permet finalement d’exprimer avec gravité son attente et sa foi : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »

À l’arrivée des disciples, la femme s’enfuit. Personne ne cherche à la retenir. Pas un mot n’est ajouté à l’échange, si ce n’est « je le suis ». Elle s’en retourne chez les siens non pas avec une certitude mais une question. Ce qui l’a touchée et qu’elle partage, c’est que l’homme rencontré au puits lui a fait connaître tout ce qu’elle a fait. « Cet homme ne serait-il pas le Messie ? » À chacun de donner sa réponse.

Père Pierre Labaste