Editorial du dimanche 2 octobre 2011

La vigne du Seigneur

 

Le prophète Isaïe désigne le Seigneur de l’univers comme son ami qui possédait une vigne sur un coteau plantureux. C’est de cette relation amicale et donc spirituelle, car l’amour d’amitié est une vertu humaine et spirituelle, que le prophète sonde les profondeurs de son Seigneur. Il nous révèle que cet ami est rempli d’une attente, d’une espérance et d’un désir vis-à-vis de sa vigne et plus parti-culièrement d’un plant de qualité qu’il y a planté.

Tout vigneron espère une récolte généreuse de sa vigne, non seulement pour en tirer un bénéfice mais aussi pour se réjouir des beaux raisins qu’elle lui fournira. La qualité du fruit de la vigne doit faire la satisfaction du vigneron.

Mais cette vision idéale est faussée par la déception d’une mauvaise récolte. Les plus beaux efforts peuvent récolter de mauvais fruits. Isaïe nous découvre que le Seigneur de l’univers connaît la déception à la manière d’un homme.

Car la création c’est la vigne de Dieu, la tour de garde et la clôture sont la Torah, le pressoir c’est le travail de l’homme et ses souffrances et le plant de qualité c’est l’homme, symbolisé par les hommes de Juda. C’est l’homme qui déçoit le Seigneur et non la nature qui répond toujours présent aux lois qui lui sont imposées. L’iniquité et la détresse sont les fruits acides ou pourris du cœur de l’homme.

Isaïe rappelle à l’homme de Juda le poids de sa responsabilité et de sa liberté face à la prodigalité du Seigneur de l’univers qui a tout fait en faveur du plant qu’il chérissait. Il est important de l’entendre car souvent nous reprochons au Seigneur de l’univers de n’en faire pas assez pour nous et pour le monde, refusant de prendre nos responsabilités individuelles et collectives!

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus compare le Seigneur de la vigne (le terme Seigneur, kurios  en grec, fait référence à Adonaï, Dieu) à un homme qui était le propriétaire d’un domaine. C’est Dieu le Seigneur de ce domaine dont nous sommes les vignerons. Comme au temps d’Isaïe, nous sommes appelés à produire des fruits de justice, de pureté, de vérité et de toutes sortes de vertus. C’est en cultivant la vigne, c’est-à-dire en méditant les Écritures et en vivant l’amour de Dieu et du prochain que le fruit de la paix pourra être partagé.

Jésus est aussi le plant choisi par Dieu pour produire le fruit impérissable du salut de l’humanité, dont la chair est son corps et le jus est son sang. Car s’il y a une vertu dans l’ordre des choses terrestres il y en a encore plus dans le Christ qui mène toutes choses à sa perfection. C’est en lui seul, Jésus, que nous pouvons être des vignerons dont le travail commence sur terre pour s’achever dans le Royaume de Dieu.

Père  Vincent Naude