Editorial du dimanche 19 avril 2015

À TABLE !

Mgr Rodhain, le fondateur du Secours Catholique, faisait remarquer que, dans les évangiles, il est très souvent question de manger, et qu’on y voit à de nombreuses reprises Jésus partager un repas avec des gens très divers. De plus, Jésus a délivré beaucoup de messages à ces occasions-là, car il savait que manger ensemble touche au cœur de l’existence humaine. À moins d’être des individualistes forcenés, hostiles à toute présence humaine à nos côtés, nous le savons : mieux vaut un repas tout simple partagé avec des gens que l’on aime, plutôt qu’un repas de luxe mangé tout seul dans son coin…

La nourriture est omniprésente lors des rencontres du Ressuscité avec ses disciples. Les disciples d’Emmaüs : « Le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. » Les onze et leurs compagnons : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? Il mangea devant eux. » Dans l’évangile de Jean, au bord du lac : « Un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Venez manger. Il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.»

Tout en partageant le repas avec ses disciples, Jésus va les ouvrir à la « compréhension des Écritures ». La parole et le pain : vous l’aurez remarqué, c’est la structure même de la messe (« la messe dresse la table aussi bien de la Parole de Dieu que du Corps du Christ », dit le Missel Romain).

Dans la paroisse, lors des soirées Alpha ou de l’École de la Foi, lors des journées avec les fiancés ou à l’aumônerie des collèges, il saute aux yeux que le fait de manger ensemble facilite la réflexion et l’échange. Le « co-pain » est celui avec qui je partage le pain, comme le compagnon (cum-panis : le pain avec). L’être humain est indissociablement corps et esprit, c’est la logique même de l’Incarnation.

La transmission de la foi passe aussi par le corps et par des gestes. Lorsque je suis à la messe dans l’assemblée (ce qui est souvent le cas pendant les vacances), je me sens toujours frustré si la personne qui me donne la communion ne me regarde pas… Moralité : soyons humains, c’est la meilleure manière d’entrer dans la dimension spirituelle de notre vie !

Père Philippe BERNARD