Editorial du dimanche 13 septembre 2009

Souffrir pour JÉsus et pour l’Évangile

Pour la première fois, Jésus enseigne aux disciples qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup.  Il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Aimer la souffrance, et même la rechercher, c’est une déviance psychologique.  Il y a pourtant une longue tradition, dans l’histoire du christianisme qui, en s’ap-puyant sur des paroles de Jésus comme celles d’aujourd’hui, valorise la souffrance comme un chemin privilégié de purification intérieure, de recherche de perfection morale et spirituelle.

Nous ne pouvons faire disparaître les paroles de Jésus.  Mais ce n’est pas sûr qu’on les comprenne toujours très bien !  Regardons Jésus agir.  Jamais, quand il se trouve devant un être humain souffrant, il ne lui dit :  « Réjouis-toi de souffrir » !  Bien au contraire, il ne peut pas supporter la souffrance. Toujours, il met en œuvre la puissance créatrice qui l’habite pour faire échec à la souffrance et à la maladie.  Quand il envoie les Douze en mission, il leur dit :  « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. »  Et l’un des signes qui accompagneront ceux qui auront cru, c’est qu’« ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci s’en trouveront bien». Lutter contre le mal, sous toutes ses formes, est une authentique exigence évangélique, un devoir à accomplir.

Mais alors, comment comprendre les paroles déroutantes de Jésus aujourd’hui ? Soyons plus attentifs. Le Seigneur parle de « quelqu’un qui veut marcher derrière lui », qui veut le suivre.  Il ne s’agit pas simplement de sauver ou de perdre sa vie.  Il s’agit de la perdre pour Jésus et pour l’Evangile.  Nous voici renvoyés, une fois de plus, à l’essentiel : Il faut être avec Jésus, mettre nos pas dans ses pas.  Alors, nous découvrons que « le serviteur n’est pas au-dessus du maître ».  Là où Jésus a passé, son disciple doit passer, lui aussi.  Or, son chemin le mène à la croix, non pas pour le plaisir de souffrir, mais pour déposer dans le vide absolu d’amour, qu’est la mort, la plénitude de l’amour du Père pour les hommes.  Suivre Jésus jusque là, c’est accepter d’ouvrir, d’offrir toute sa vie, ses joies, et ses souffrances pour qu’il vienne en faire, pour aujourd’hui, le lieu de l’incarnation de son amour, qui dira le dernier mot dans la résurrection. La souffrance s’en trouve déjà transfigurée.

Père Joseph HUNT