Editorial du dimanche 10 novembre 2013

Je crois à la résurrection de la chair

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus est interrogé par les Sadducéens au sujet de la résurrection des morts. Leur question est pour nous l’occasion de clarifier notre foi, au mo-ment où nous nous approchons de la fin de l’année liturgique qui nous tourne vers les fins dernières.

Tout d’abord, rappelons qu’il faut distinguer la foi en la vie éternelle, de la foi en la résurrection. Les Sadducéens pouvaient croire en l’immortalité de l’âme et donc en une forme de vie éternelle, tout en rejetant l’idée d’une résurrection des morts. Il faut dire que cette idée ne s’est affirmée dans le monde juif que dans les derniers siècles précédant l’avènement du Messie. Elle s’est peu à peu imposée à l’esprit de ceux qui défendaient l’indivisibilité du corps et de l’âme, et qui constataient que la justice divine n’était pas rendue dans ce monde ci. Pour eux, la réunion du corps et de l’âme au-delà de la mort (donc une résurrection) était nécessaire pour qu’un jugement et une véritable rétribution soient possibles.

Considérer que seule l’âme peut, au-delà de la mort, rendre compte de son existence terrestre et accéder à la vie éternelle, n’est-ce pas contraire à une conception de l’homme comme unité du corps et de l’âme et être de relation ?  N’est-ce pas aussi concevoir la vie éternelle comme un exil, loin de soi et de tous ceux qui nous sont liés ? Oui, mais qu’il est difficile de s’imaginer comment et sous quelle forme notre corps se relèvera après avoir vu la corruption !

Aux Sadducéens, Jésus ne précise pas en quoi consiste la résurrection ni comment seront les corps des ressuscités ; il se contente de faire tomber leur objection et de pointer l’absurdité de leur foi sans la résurrection. Avant tout, la réponse de Jésus creuse une attente : l’attente de sa propre résurrection. En effet, au-delà de toutes les convenances, la résurrection de Jésus est la seule preuve de la possibilité de notre relèvement et l’unique témoignage d’un vivant ayant franchi la mort. Or, ce qu’en disent les quatre Évangélistes ne nous laisse aucun doute, il s’agit de quelque chose d’absolument original et de tout à fait paradoxal. La résurrection de Jésus inaugure une nouvelle forme de corporéité parée pour l’éternité, assumant toute l’histoire humaine.

Père Pierre Labaste