Editorial du 2ème dimanche de l’Avent

DÉSERT OU BAC À SABLE ?

Jean parut dans le désert… Drôle d’idée semble-t-il : lorsqu’on a quelque chose à dire et qu’on veut avoir une chance d’être entendu, ne vaut-t-il pas mieux aller dans un lieu grouillant de foule, genre grands magasins avant Noël ?

Peut-être, mais le désert n’est pas seulement un lieu géographique. Le désert, c’est le lieu de tous les possibles, le lieu des grands espaces, c’est le contraire d’un lieu étroit, confiné, sentant le renfermé et les vieux souvenirs. C’est l’espace où la présence de Dieu peut se déployer. « Tracez droit une route pour notre Dieu », disait Isaïe : le désert, c’est un monde débarrassé de ses frontières, un monde grand ouvert, un monde arraché à l’étroitesse de l’homme, à la médiocrité dont il est capable, à ses petites histoires dérisoires. Le désert est une immense page vierge où tout est à écrire sous l’impulsion de l’Esprit…

« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ». L’Esprit est au cœur de ce nouvel espace où Dieu se dévoile car l’Esprit n’est prisonnier d’aucun lieu : « le vent souffle où il veut, et tu ne sais ni d’où il vient ni où il va, ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit », dira Jésus. L’Esprit, c’est le souffle, le vent qui se lève comme une espérance, le grand large, bref,
la vie à hauteur de Dieu. L’homme est créé pour l’immensité, pour l’infini, pour les grands espaces, pas pour le bac à sable !

Isaïe et Jean Baptiste nous appellent à inventer ce nouvel espace. Le désert, terre de l’Esprit, devient à Noël le lieu de la rencontre de Dieu et de l’homme. À condition que nous ouvrions un nouvel espace intérieur pour y accueillir le Seigneur qui vient à notre rencontre. « Préparez le chemin du Seigneur », disait Isaïe ; en écho, Jean Baptiste parle d’ »un baptême de conversion pour le pardon des péchés« , et saint Pierre ajoute que Dieu « veut que tous parviennent à la conversion ».

Alors, ouvrons large notre cœur à la dimension de l’évènement de Noël !

Père Philippe BERNARD