Dimanche 20 février 2022

Feuille d’information paroissiale du dimanche 20 février 2022 

Le célibat des prêtres

Tandis qu’un symposium sur le sacerdoce s’est réuni à Rome ces jours-ci, il est toujours utile de se rappeler que le célibat des prêtres est d’abord un charisme, c’est-à-dire un don donné par Dieu à certains pour le bien de tous. Il est un charisme avant d’être une règle (froidement) édictée par des prélats lointains et inconscients. Il est un charisme avant d’être un usage pratique pour éviter la dilapidation des biens de l’Eglise ou pour faire des prêtres des employés disponibles.

Dire cela c’est être fidèle à l’histoire : l’Eglise des premiers temps a tout de suite reconnu l’importance du célibat pour les évêques, successeurs des apôtres qui avaient, comme le souligne saint Pierre devant Jésus, « tout quitté pour le suivre » Mc 10, 28. Cet usage demeure paisiblement universel dans toutes les Eglises orthodoxes, toutes les Eglises orientales et dans l’Eglise catholique. Toujours dans les premiers siècles, selon les régions et les situations historiques, le célibat a été accueilli et vécu également pour les prêtres et pas seulement pour les évêques. Dans l’Eglise latine, la possibilité de vivre le célibat pour les prêtres et la grâce de sa fécondité ont été accueillies, explicitées, et enfin établies comme une règle. En considérant l’amplitude dans l’espace et le temps de ce processus, nous comprenons qu’il n’est pas la victoire d’un camp contre un autre, mais le fruit d’un processus de discernement dans l’Esprit-Saint.

Parler du célibat comme un charisme, c’est donc avant tout être fidèle à l’Esprit-Saint qui conduit l’Eglise. L’Esprit n’est pas crispant, et dans l’Esprit-Saint, l’Eglise peut questionner sans crainte cet usage, comme le Pape Paul VI l’a fait en 1969, après le Concile Vatican II, ou cinquante ans après au moment du Synode sur l’Amazonie en octobre 2019. L’Esprit n’est pas non plus inhumain : il n’impose pas un fardeau impossible à tenir comme tant et tant de prêtres peuvent en témoigner. Mais l’Esprit-Saint est ambitieux : si le célibat est étranger à bien des cultures et étrange à bien des esprits éclairés de notre siècle, s’il n’est pas toujours constamment aisé à vivre comme toutes les grandes aventures de la vie (le mariage, la vie professionnelle, l’éducation des enfants…), le célibat sacerdotal est un formidable chemin de croissance dans l’imitation du Christ et le don de soi. Il est même avec le célibat des consacrés, signe ici-bas de notre mode d’existence dans le ciel : joyeusement pour Dieu et pour tous !

P. Stéphane DUTEURTRE+