Editorial du dimanche 14 septembre 2014

LEVER LES YEUX …

L’Ancien Testament établit une sélection très rigoureuse entre les animaux disons … fréquentables, et ceux qui ne le sont pas. La liste de ceux-ci est longue, très longue : le porc bien sûr, animal impur par excellence, mais aussi tous ceux qui sont jugés non comestibles, pour des questions assez subtiles de sabots, etc. C’est ainsi que l’on peut manger de la gazelle, mais pas du chameau (les deux étant assez introuvables sur les marchés du quartier, mais je n’ai pas encore tout exploré).

Le serpent a une place toute particulière dans le palmarès des animaux détestés. Il faut dire que cette bestiole ne donne pas vraiment envie de la caresser : c’est un animal dangereux, parfois mortel pour l’homme et qui, de surcroît, surgit de sous la terre, autrement dit, du lieu où l’on dépose les morts : étonnez-vous que le serpent soit devenu le symbole du mal !

On connaît le poème biblique du livre de la Genèse : le serpent est celui qui provoque la rupture dans l’harmonie de la Création voulue par Dieu pour l’homme. La blessure du mal, comme une cicatrice douloureuse, est inscrite dans l’histoire de l’humanité.

Mais Dieu ne se résigne pas à l’échec, Dieu ne se résigne pas au mal. Dans le passage du livre des Nombres entendu aujourd’hui se trouve une première ébauche de la victoire sur le mal : quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie ! Attention : ce qui sauve l’homme, ce n’est pas le serpent fixé au sommet d’un mât, ce serait sombrer dans l’idolâtrie. Ce qui sauve l’homme, c’est le regard levé vers le serpent. Lever les yeux : l’homme est appelé à regarder vers le haut et non vers le bas… Lever les yeux vers la croix du Christ, cette croix qui n’est pas le signe d’un sacrifice destiné à apaiser la colère de Dieu (en tout cas, ce dieu-là ne serait pas celui de l’Évangile), mais qui est le signe suprême de l’amour de Dieu pour les hommes.

La croix est notre signe de reconnaissance, non pas parce que les chrétiens que nous sommes aimeraient la souffrance, mais parce que les chrétiens que nous sommes croient en l’amour, cet amour dont la croix est le signe suprême.

Père Philippe Bernard