Editorial du dimanche 3 mai 2015

Quand nous oublions Dieu…

Au cours de ces deux dernières semaines, l’actualité a été dominée par deux catastrophes majeures qui ont provoqué une vive émotion dans le monde. Je veux parler du séisme au Népal survenu samedi dernier et dont le bilan ne cesse encore de s’alourdir, ainsi que des naufrages à répétition, en Méditerranée, d’embarcations chargées de migrants venus de pays en guerre du pourtour de la Méditerranée ou d’Afrique noire. Ces deux drames, quoique très différents, nous touchent particulièrement.

Ils nous touchent d’abord et avant tout parce que ce sont des hommes et des femmes comme nous qui périssent tragique-ment ; ils nous touchent aussi parce bon nombre de touristes français se trouvaient au Népal au moment du séisme, ou parce que les naufrages ont lieu aux portes de notre Europe ; ils nous touchent enfin parce qu’ils nous rappellent notre impuissance à nous protéger contre des catastrophes naturelles de grande am-pleur, ou à stopper ces conflits armés qui secouent actuellement le Moyen-Orient ou l’Afrique de l’Est. Cette impuissance est réelle et doit être assumée !

Bien sûr on peut se rassurer en pensant que la France ne connaît pas dans ses frontières de failles sismiques aussi dangereuses que la faille himalayenne ; de même on peut se rassurer en envisageant des solutions politiques et militaires qui permettraient de se protéger de vagues de migrations déstabilisantes pour notre pays. Néanmoins, malgré tous nos efforts, notre science et nos moyens financiers (de plus en plus limités…), on ne parviendra jamais à ériger de bouclier efficace nous protégeant des phénomènes météorologiques extrêmes ; et je l’espère, on se refusera toujours à ériger des murs étanches tenant à l’écart ces personnes qui cherchent au péril de leur vie un avenir meilleur.

La réaction de nos évêques faisant suite à la découverte de projets d’attentats contre des églises de région parisienne, est pour nous exemplaire, y compris pour faire face aux catastrophes évoquées : ni peur, ni haine, et que nos communautés restent ouvertes et accueillantes, gardant « la liberté de vivre et de manifester ce que nous croyons comme nous le croyons » (Mgr Vingt-Trois)… Les drames dont nous sommes les témoins, la violence qui frappe à notre porte, nous pressent à nous appuyer toujours davantage sur la foi de notre baptême, foi en Christ vainqueur du mal et de la mort. Notre foi chrétienne nous presse à son tour à œuvrer en faveur d’une fraternité plus grande au sein de la famille humaine, à renforcer notre solidarité avec ceux qui sont proches, comme ceux qui sont loin, et à faire tomber ces murs que nos égoïsmes et nos peurs érigent, quand nous oublions Dieu.

Père Pierre Labaste